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Anglachel-Gurthang
#1
Je ne sais pas pour vous, mais le fait qu’un épisode du Légendaire revienne dans « l’actualité » (en l’occurrence Túrin ), me fait invariablement cogiter là-dessus ! Very Happy

Et donc, il m’est venu quelques réflexions concernant Anglachel « Flamme de fer » / Gurthang « Acier de Mort », à partir de questions sur son origine et sa destinée.

Tout d’abord, l’épée est fabriquée à partir de « galvorn », singulier métal inventé par l’Elfe noir Eöl à partir d’une météorite tombée curieusement « dans son jardin » ! Smile

Ne pourrait-on voir déjà là une intervention de la Providence, car cette curieuse météorite ne tombe pas aux pieds de Finrod ou encore d’Ingwë, mais devant sans doute le meilleur forgeron Elfe de son temps, après la disparition de Fëanor.
… Grand forgeron peut-être, mais Elfe « misanthrope » déjà soumis au marrissement de la Terre du Milieu. Et du galvorn naissent non pas outils ou bijoux, mais des armes : deux épées jumelles, Anguirel et Anglachel, «instruments du Mal» selon le jugement de Melian.

On passe rapidement sur Anguirel dont on ne sait peu. Mais ne peut-on voir dans le fait qu’elle soit dérobée par Maeglin, puis amenée avec lui à Gondolin, une image de l’introduction du « Mal » dans la cité Elfe préservée ?

Car Anglachel/Gurthang semble « douée de raison » (je n’ose pas dire « conscience » !).
Ainsi se laisse-t-elle « choisir » par Beleg (Chevalier du Bien par excellence) pour le soumettre au Mal ? … à moins d’y voir encore là une autre intervention de la Providence ?

Puis ses actes entraînent quelques interrogations :
Pourrait-elle blesser « volontairement » Túrin, entraînant ainsi la mort de Beleg (Tiens ! Comme par hasard un éclair venu du ciel découvre – trop tard – le visage de l’ami défunt…), alors que, par la suite et selon Gwindor, «l’épée semble pleurer son maître» ?
Se brise-t-elle aussi « volontairement » sur Túrin en le tuant, scellant ainsi son destin à celui de l’Homme, l’instrument du Mal devenant alors l’instrument de la Providence ?

En résumé, nous avons donc avec cette épée « l’instrument du Mal » par excellence :
- Sa fonction unique est de tuer
- Elle ne peut faire le bien et n’a aucune pitié… On pourrait même y voir là Gandalf et l’Anneau réunis avant l’heure, non ? Very Happy
… Et pourtant, toute l’ « existence » de cette arme est accompagnée d’interventions « Providentielles », jusqu’à finalement lui faire commettre à Dagor Dagorath ce pour quoi elle était conçue, le crime « absolu et ultime » : Tuer le Mal !

Alors, ne pourrait-on voir en Anglachel-Gurthang l’application concrète des paroles qu’Eru adressa aux Ainur après le deuxième thème ?

« Puissants sont les Ainur, et Melkor est le plus puissant d’entre eux, mais qu’il sache, ainsi que tous les Ainur, que je suis Ilúvatar (…). Et toi, Melkor, tu verras qu’on ne peut jouer un thème qui ne prend pas sa source ultime en moi, et que nul ne peut changer la musique malgré moi. Celui qui le tente n’est que mon instrument, il crée des merveilles qu’il n’aurait pas imaginées lui-même ! »

Pour conclure, vous me direz que j’aurais peut-être pu choisir un sujet un peu plus « souriant » en cette période de fêtes ! Wink

… Mais bon, y a marrissement ou y a pas marrissement ? Very Happy
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#2
Huan a écrit :Pourrait-elle blesser « volontairement » Túrin, entraînant ainsi la mort de Beleg (Tiens ! Comme par hasard un éclair venu du ciel découvre – trop tard – le visage de l’ami défunt…), alors que, par la suite et selon Gwindor, «l’épée semble pleurer son maître» ?
L'épée elle-même appelle Beleg « mon maître » dans son discours d'adieu, et ce quand bien même Melian avait affirmé qu'elle « n'aimera[it] pas la main qu'[elle] servira[it] ». Mais la phrase « ce jour-là le destin [fate] fut plus fort » (lorsque Beleg blesse accidentellement Túrin) m'ennuie. Le destin de qui ? De l'épée, dont Melian avait prédit qu'elle ne servirait pas longtemps Beleg ? De Túrin lui-même ? Ces quelques mots me gênent profondément.

Huan a écrit :Elle ne peut faire le bien et n’a aucune pitié…
Là encore, je crois qu'il faut distinguer l'épée de son porteur. Gurthang comprend l'idée de justice, et sait que Brandir a été « tué injustement » (toujours ce speech final) par Túrin.

Et comme Túrin le dit lui-même à son épée, « tu ne connais ni seigneur ni allégeance, hors la main qui te tient ». Je crois qu'en elle-même, Gurthang n'est rien d'autre qu'une lame : c'est son porteur qui en fait ce qu'elle est. Ce qui me fait songer que sa forge à neuf à Nargothrond et son changement de nom (du relativement neutre « flamme de fer » au beaucoup plus sinistre « acier de mort ») ne sont sûrement pas anodins.
The gods forgot they made me, so I forget them too
I listen to the shadows, I play among their graves
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#3
Au delà de tout celà, il y a toutes les comparaisons possibles avec les légendes des épées noires dont nous ont gratifiés maints auteurs de fantasy ou de bd de tout horizons Smile
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#4
Balmung, était la célèbre épée de Siegfried. Au cours de son expédition contre les Burgondes le Héros germanique fut attaqué par le nain Alberich qui était le gardien du trésor des Nibelungen. Siegfried fut vainqueur et fit acte de mansuétude en lui laissant la vie sauve. Le nain lui proposa alors quelques présents en reconnaissance, dont la célèbre épée magique.
L’Arme était habitée de pouvoirs. Donnée jadis à Odin par Weyland le forgeron des dieux. Le maître du Walhalla l’enfonça dans l’écorce de Branstock un chêne du Palais de Volsung. Odin déclara que celui qui la récupérerait ne connaîtrait plus la défaite sur les champs de bataille. Neuf des princes de Wolsung essayèrent de l’arracher au bois, mais seul le plus jeune y parvint. Son nom était Sigmund. Plus tard cette lame fut brisée contre le bois de Gungnir, la lance de Wotan. Elle fut ensuite reforgée par Regin pour combattre le dragon Fafnir.

Dans certaines versions il est dit que Balmung avait été forgée avec un acier extrait de la matière d’une comète tombée du ciel. (voir entre autres le film l’Anneau sacré, 2006 Tandem Communications)
Cette épée que neuf hommes essayent d’arracher sans succès à la matière et qui enfin cède au plus jeune nous rappelle également la célèbre Excalibur.

Ces épées qui viennent à bout de dragons ou que la « Terre » ne cède qu’à celui qu’elle a choisi sont bien les mères de celles que JRR Tolkien nous a forgées.
Wink
" Alors que le printemps et l'été se fassent ! Et qu'on ne laisse point voir revenir l'hiver ! " dit Erendis.
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#5
Tu me l'a piqué cher Gandalf, en effet, ca m'a fait de suite penser à l'épée de Siegfried (en fait, les épées, car comme dans la Légende d'Arthur, il y en a plusieurs et ce n'est pas excalibur qui est enfoncée dans le rocher suivant les versions) !
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#6
Ah ! désolé cher Eorl mais l'acier des Dieux m'a souvent inspiré. Wink
" Alors que le printemps et l'été se fassent ! Et qu'on ne laisse point voir revenir l'hiver ! " dit Erendis.
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#7
Tu es tout pardonné !
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#8
Meneldur a écrit :
Huan a écrit :Pourrait-elle blesser « volontairement » Túrin, entraînant ainsi la mort de Beleg (Tiens ! Comme par hasard un éclair venu du ciel découvre – trop tard – le visage de l’ami défunt…), alors que, par la suite et selon Gwindor, «l’épée semble pleurer son maître» ?
L'épée elle-même appelle Beleg « mon maître » dans son discours d'adieu, et ce quand bien même Melian avait affirmé qu'elle « n'aimera[it] pas la main qu'[elle] servira[it] ». Mais la phrase « ce jour-là le destin [fate] fut plus fort » (lorsque Beleg blesse accidentellement Túrin) m'ennuie. Le destin de qui ? De l'épée, dont Melian avait prédit qu'elle ne servirait pas longtemps Beleg ? De Túrin lui-même ? Ces quelques mots me gênent profondément.
Je comprends que cela te gêne si le "destin" concerne Túrin (après la dernière discussion sur le libre arbitre - qui serait d'ailleurs intéressante à reprendre après ma relecture des CLI ! Wink ), peut-être moins si cela concerne l'épée.
C'est une arme, et son "destin" est de tuer, pas de faire sauter des liens. Elle ne peut user de libre arbitre, elle.

Meneldur a écrit :
Huan a écrit :Elle ne peut faire le bien et n’a aucune pitié…
Là encore, je crois qu'il faut distinguer l'épée de son porteur. Gurthang comprend l'idée de justice, et sait que Brandir a été « tué injustement » (toujours ce speech final) par Túrin.

Et comme Túrin le dit lui-même à son épée, « tu ne connais ni seigneur ni allégeance, hors la main qui te tient ». Je crois qu'en elle-même, Gurthang n'est rien d'autre qu'une lame : c'est son porteur qui en fait ce qu'elle est. Ce qui me fait songer que sa forge à neuf à Nargothrond et son changement de nom (du relativement neutre « flamme de fer » au beaucoup plus sinistre « acier de mort ») ne sont sûrement pas anodins.
Si ce n'est qu'une lame, elle ne comprend pas l'idée de justice, elle ne va pas répondre à Túrin, elle ne va pas "sembler pleurer son maître".
Non, il me semble donc que cette lame n'existe pas "par hasard" dans le Légendaire.
Elle fait ce qu'elle doit faire, peu importe son maître.
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#9
Sur la "réponse" de Gurthang à Túrin, il faut - je pense - aussi tenir compte du contexte interne.

Le "Lai des Enfants de Húrin" est une poésie épique qui fut écrite par un Adan (son nom m'échappe). Il consiste donc en une mise en forme des récits qui furent faits au sujet de Túrin. Or nul n'assista au suicide de Túrin, si je ne m'abuse.

Personnellement, j'aurais tendance à penser que le dialogue entre Túrin et son épée fut entièrement inventé par le barde.

D'un point de vue externe, Tolkien aurait pu vouloir montrer la dimension moralisante des récits qui (selon lui) furent compilés à Númenor après la submersion du Beleriand. Évidemment, le Professeur n'est plus là pour répondre à cette hypothèse...

Donc, de ce point de vue, rien n'empêche que l'épée ait été parfaitement ordinaire. Son statut d' "instrument du Mal" (ou du Destin) ne serait alors qu'une conséquence du destin (malheureux) de Túrin.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
La Chanson de Roland
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#10
Ton hypothèse ne m'avait jamais effleurée Elendil, mais je la trouve très juste. La scène du dialogue avec l'épée rend, selon moi, le suicide de Turin encore plus tragique-si possible.
(Le fameux adan auteur de ce lai est Dírhaval Wink)
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