Ayant récemment relu le Hobbit (en parallèle la traduction de Ledoux et la nouvelle), je me suis posé quelques questions sur ce que représente Lacville/La Ville du Lac.
Pour l'histoire, c'est la dernière étape avant Smaug : là ou Thorin et Compagnie peuvent trouver repos, matériel et support.
Mais Lacville possède de nombreuses particularités qui ne sont pas nécessaires à ce rôle : Rivendell est au final assez limité mais joue un rôle au moins aussi important (indications sur où et quand la porte s'ouvre, "don" des épées des trolls par une sorte de propriétaire légitime, bénédiction, etc).
En effet Lacville est "étrange" au même titre que la Comté :
-Une ville commerciale, entre Tharanduil, Dorwinion et autrefois Erebor et le Val. Hormis une référence au marché des jouets du Val, il ne me semble pas que le sujet soit abordé ailleurs sinon en ce qui concerne la Comté (par exemple avec la vente d'herbe à pipe)
-Une ville démocratique, du moins en apparence. Comme le Thane, le Maître/Bourgmestre de Lacville/Ville du Lac est élu, "choisi" par les habitants.
-Un splendide isolement : il faut l'intervention désastreuse et destructive d'un Smaug ou d'un Sharcoux pour que quelque chose soit bouleversé. Au contraire des autres royaumes vivant sous la menace perpétuelle de l'Ombre, les Hobbits et les Hommes du Lac ne semblent tout simplement pas concernés par ce qui les entoure
-Lié au point précédent, ces sociétés sont bâties sur des fondations solides : après les ravages qu'elle connaissent, elles se reforment vite (la Comté après la mort de Sharcoux, Lacville/La Ville du Lac se reconstruisant encore plus prospère après la mort de Smaug et du Maître). Quand on voit à quel point ceux qui les entourent n'arrivent tout simplement PAS à se remettre de leurs propres troubles (Nains en exil perpétuel, Elfes repoussées, Ents en voie de disparition, les royaumes des Hommes se faisant grignoter le *** entre eux ou contre Sauron...), cela laisse songeur.
Au final, il existe une vraie proximité : Bilbo ne semble pas trop dépaysé par une ville où des festins sont tenus régulièrement, où les intérêts locaux prennent la place des évènements plus lointains réduits à l'état de chansons et de contes.
Peut-être que la réminiscence de Bilbo durant son fameux discours d'anniversaire, "ramenant" son "Berci beaucoup" dans le cadre de la Comté au lieu de Lacville peut s'expliquer par cette proximité?
Mais pour tout cela, malgré des points communs, ces deux sociétés partent dans des directions différentes.
-Commerce : Alors que la Comté est essentiellement autarcique et pratiquant un commerce interne (on se souvient de l'étonnement des Hobbits en voyant de l'herbe à pipe en Isengard), Lacville/Ville du Lac ne produit rien : elle sert d'intermédiaire entre plusieurs partenaires et se nourrit de ce qu'ils payent.
-"Démocratie" : Le Thane de la Comté n'a aucun pouvoir, essentiellement une figure et un inaugurateur de chrysanthèmes légèrement bouffon. Les familles règlent leurs propres affaires et la seule tentative de "centralisation" de la Comté s’appelle Sharcoux. Pénible souvenir.
Le Maître/Bourgmestre lui, possède de nombreux pouvoir et n'hésite pas à s'en servir pour son besoin personnel (piquer dans la caisse, entre autres). Ceux donnant un avis contraire, comme Bard, sont copieusement moqués.
-Isolement : Tandis que les Hobbits ne demandent rien au monde et estiment ne rien lui devoir, les Hommes du Lac agissent par égoïsme ou interêt bien calculé.
Alors que l'or d'Erebor est l'objet de l'espoir (peut on dire de la cupidité?) du Lac, les Hobbits sont d'une méfiance absolue envers les richesses que M Sacquet/Bessac a rapporté de l'Est.
La Comté donne l'impression d'un pays heureux et de producteurs aisés. On pense de suite aux communautés rurales (yeomen anglais, gentry, mais aussi Middle-East américain), alors que Lacville semble être plus boutiquière, "capitaliste" (une sorte de City transposée en Endor).
Les Hobbits peuvent avoir de nombreux défauts, mais apparaissent au final comme étant courageux "au besoin", ne dépendant que d'eux-même, et à défaut d'être vertueux en tout cas résistants à l'Ombre.
Les Hommes du Lac eux, sont d'humeur capricieuse, n'ont pas ce bon sens dont font preuve les Hobbits (en choisissant un Maître puissant, méprisant et voleur) et pensent à l'or autant que les Nains (voire peut-être même plus, car les Nains accordent une pensée à la vengeance et au recouvrement de leurs territoires).
Est-ce que Lacville comme anti-modèle (opposée à l'aberration totale que représente Isengard et la "politique" de Sharcoux), comme monde citadin opposé au monde rural est il une hypothèse valable?
L'essai "Villes et Territoires" décrit bien la situation : les villes décrites ne sont pas vraiment modernes. Seule Lacville/Ville du Lac semble être un peu plus évoluée, s'échappant presque de la Venise des premiers temps pour s'établir sur le Long Lac.
J'ai conscience que cette particularité peut s'expliquer par celles du Hobbit, un livre "charnière" entre la cosmogonie "classique" de Tolkien et le conte autonome façon "Gilles de Ham". Mais il me semble que le parallèle d'avec la Comté est un peu trop important pour n'être réduit qu'à cela.
J'avoue que je ne vois pas trop où cela peut mener, étant donné qu'il s'agit de quelques raisonnements apparus au cours d'une lecture.
Pour l'histoire, c'est la dernière étape avant Smaug : là ou Thorin et Compagnie peuvent trouver repos, matériel et support.
Mais Lacville possède de nombreuses particularités qui ne sont pas nécessaires à ce rôle : Rivendell est au final assez limité mais joue un rôle au moins aussi important (indications sur où et quand la porte s'ouvre, "don" des épées des trolls par une sorte de propriétaire légitime, bénédiction, etc).
En effet Lacville est "étrange" au même titre que la Comté :
-Une ville commerciale, entre Tharanduil, Dorwinion et autrefois Erebor et le Val. Hormis une référence au marché des jouets du Val, il ne me semble pas que le sujet soit abordé ailleurs sinon en ce qui concerne la Comté (par exemple avec la vente d'herbe à pipe)
-Une ville démocratique, du moins en apparence. Comme le Thane, le Maître/Bourgmestre de Lacville/Ville du Lac est élu, "choisi" par les habitants.
-Un splendide isolement : il faut l'intervention désastreuse et destructive d'un Smaug ou d'un Sharcoux pour que quelque chose soit bouleversé. Au contraire des autres royaumes vivant sous la menace perpétuelle de l'Ombre, les Hobbits et les Hommes du Lac ne semblent tout simplement pas concernés par ce qui les entoure
-Lié au point précédent, ces sociétés sont bâties sur des fondations solides : après les ravages qu'elle connaissent, elles se reforment vite (la Comté après la mort de Sharcoux, Lacville/La Ville du Lac se reconstruisant encore plus prospère après la mort de Smaug et du Maître). Quand on voit à quel point ceux qui les entourent n'arrivent tout simplement PAS à se remettre de leurs propres troubles (Nains en exil perpétuel, Elfes repoussées, Ents en voie de disparition, les royaumes des Hommes se faisant grignoter le *** entre eux ou contre Sauron...), cela laisse songeur.
Au final, il existe une vraie proximité : Bilbo ne semble pas trop dépaysé par une ville où des festins sont tenus régulièrement, où les intérêts locaux prennent la place des évènements plus lointains réduits à l'état de chansons et de contes.
Peut-être que la réminiscence de Bilbo durant son fameux discours d'anniversaire, "ramenant" son "Berci beaucoup" dans le cadre de la Comté au lieu de Lacville peut s'expliquer par cette proximité?
Mais pour tout cela, malgré des points communs, ces deux sociétés partent dans des directions différentes.
-Commerce : Alors que la Comté est essentiellement autarcique et pratiquant un commerce interne (on se souvient de l'étonnement des Hobbits en voyant de l'herbe à pipe en Isengard), Lacville/Ville du Lac ne produit rien : elle sert d'intermédiaire entre plusieurs partenaires et se nourrit de ce qu'ils payent.
-"Démocratie" : Le Thane de la Comté n'a aucun pouvoir, essentiellement une figure et un inaugurateur de chrysanthèmes légèrement bouffon. Les familles règlent leurs propres affaires et la seule tentative de "centralisation" de la Comté s’appelle Sharcoux. Pénible souvenir.
Le Maître/Bourgmestre lui, possède de nombreux pouvoir et n'hésite pas à s'en servir pour son besoin personnel (piquer dans la caisse, entre autres). Ceux donnant un avis contraire, comme Bard, sont copieusement moqués.
-Isolement : Tandis que les Hobbits ne demandent rien au monde et estiment ne rien lui devoir, les Hommes du Lac agissent par égoïsme ou interêt bien calculé.
Alors que l'or d'Erebor est l'objet de l'espoir (peut on dire de la cupidité?) du Lac, les Hobbits sont d'une méfiance absolue envers les richesses que M Sacquet/Bessac a rapporté de l'Est.
La Comté donne l'impression d'un pays heureux et de producteurs aisés. On pense de suite aux communautés rurales (yeomen anglais, gentry, mais aussi Middle-East américain), alors que Lacville semble être plus boutiquière, "capitaliste" (une sorte de City transposée en Endor).
Les Hobbits peuvent avoir de nombreux défauts, mais apparaissent au final comme étant courageux "au besoin", ne dépendant que d'eux-même, et à défaut d'être vertueux en tout cas résistants à l'Ombre.
Les Hommes du Lac eux, sont d'humeur capricieuse, n'ont pas ce bon sens dont font preuve les Hobbits (en choisissant un Maître puissant, méprisant et voleur) et pensent à l'or autant que les Nains (voire peut-être même plus, car les Nains accordent une pensée à la vengeance et au recouvrement de leurs territoires).
Est-ce que Lacville comme anti-modèle (opposée à l'aberration totale que représente Isengard et la "politique" de Sharcoux), comme monde citadin opposé au monde rural est il une hypothèse valable?
L'essai "Villes et Territoires" décrit bien la situation : les villes décrites ne sont pas vraiment modernes. Seule Lacville/Ville du Lac semble être un peu plus évoluée, s'échappant presque de la Venise des premiers temps pour s'établir sur le Long Lac.
J'ai conscience que cette particularité peut s'expliquer par celles du Hobbit, un livre "charnière" entre la cosmogonie "classique" de Tolkien et le conte autonome façon "Gilles de Ham". Mais il me semble que le parallèle d'avec la Comté est un peu trop important pour n'être réduit qu'à cela.
J'avoue que je ne vois pas trop où cela peut mener, étant donné qu'il s'agit de quelques raisonnements apparus au cours d'une lecture.