16.02.2016, 09:14
(15.02.2016, 18:42)Pelargien a écrit : Au terme de pureté, qui renvoie à une notion assez discutable dans l'inconscient collectif contemporain et dans l'intention tolkienienne, je préfèrerai plutôt l'idée d'une "innocence volontaire" ou "modestie contrôlée" d'un esprit brillant,
En l'occurrence, je ne pense pas que le terme de pureté, très positivement connoté dans le christianisme et plus encore dans le judaïsme, soit ambigu dans le vocabulaire tolkienien. Mais justement, compte-tenu de ses résonances morales, c'est un terme très rarement utilisé par Tolkien : on ne trouve pas une fois pureness ou purity dans le SdA. Les rares occurrences de l'adjectif pure sont plutôt concrètes : pure gold, pure snow, ou renvoient aux sens ou aux sentiments : pure white, pure joy, pure sound of merriment, exception faite de pure(r) blood qui intervient deux fois pour qualifier le sang númenórien qui coule dans les maisons nobles du Gondor.
Quand Tolkien décrit son œuvre, c'est plutôt la modestie et la technique artistique qu'il met en avant, en effet. Faut-il pour autant totalement rejeter le terme de pureté ? Je laisse le dernier mot à Tolkien dans « Du conte de fées » :
J.R.R. Tolkien a écrit :Enchantment produces a Secondary World into which both designer and spectator can enter, to the satisfaction of their senses while they are inside; but in its purity it is artistic in desire and purpose.
(15.02.2016, 18:42)Pelargien a écrit : Pour moi, Tolkien c'est Smaug, un dragon qui veille sur un trésor (les langues, la terre du Milieu) et qui de temps en temps se reveille dans le récit, ou alors s'endort et laisse vagabonder son esprit dans un espace de rêve et de fantaisie -magistralement contrôlé-.
Je ne suis pas certain que Tolkien aurait apprécié être comparé à un dragon, car le dragon lui ne partage pas et ne fait rien des richesses qu'il détient. C'est tout le contraire de Tolkien, qui confie avoir « exposé son cœur » en publiant le SdA.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland