Je suis de ceux qui ne sont pas entièrement satisfaits par la nouvelle traduction du SdA, non pas au regard de la tournure des phrases, plus vivantes que celles de Ledoux, mais par certains choix de traductions particuliers.
"Coureurs" au lieu de Rangers/Rôdeurs est évidemment l'un d'eux. Je comprends la position de Daniel Lauzon quand il se réfère à l'acceptation transitive du mot illustrée par le coureur des bois que le français connaissait bien au XVIIIème. Mais le terme coureur doit toujours être précisé: un coureur des bois n'est ni un coureur de jupons ni un coureur de fond... sinon le Coureur n'est que quelqu'un qui court, un "joggeur"! La traduction de Ledoux est souvent modernisée, vivifiée, par Daniel Lauzon mais celui-ci oblige ici le lecteur à une cabriole linguistique autour de cette vieille acceptation du mot.
Je remercie au passage Lomelinde de nous laisser apercevoir la probable volonté de Tolkien de faire remonter l'étymologie de Ranger au Quenya (plutôt qu'au Français) à travers la racine Ran et l'unité de mesure des distances Ranga. Une volonté qui me semble évidente au regard de la boucle temporelle et sémantique, typique de l'"humour philologue" de Tolkien, mise en place quand Aragorn Roi adopte officiellement le nom de Grand-pas/Telcontar pour sa Maison. Le Dunadan commence le roman comme un Ranger et le termine Telcontar! Que de chemin parcouru!
Malheureusement Daniel Lauzon ne pouvait traduire Ranger par Arpenteur...
Je conçois que le Rôdeur que nous connaissions véhicule une notion péjorative qui ne trouve place et raison dans le roman traduit par Ledoux que à travers le regard peu amène que les Hommes de Bree (navré mais Brie reste pour moi un fromage et je regrette ce choix de transcription) posent sur les Dunedain en exil. Bien que Errants recouvre aujourd'hui une acceptation hasardeuse un peu inquiétante, si pas aussi infamante que celle du Rôdeur, ce terme aurait permis de créer une passerelle avec les mythes du Chevalier Errant que Tolkien connaissait bien.
Bien qu'au fond seul un certain conservatisme me fasse préférer le Rôdeur au Coureur, je ne suis pas non plus convaincu par Veilleur ou d'autres termes proches.
A tout le moins, cette discussion me permet, et sûrement à d'autres aussi, de mesurer la difficulté d'une tâche telle la traduction de Tolkien.
"Coureurs" au lieu de Rangers/Rôdeurs est évidemment l'un d'eux. Je comprends la position de Daniel Lauzon quand il se réfère à l'acceptation transitive du mot illustrée par le coureur des bois que le français connaissait bien au XVIIIème. Mais le terme coureur doit toujours être précisé: un coureur des bois n'est ni un coureur de jupons ni un coureur de fond... sinon le Coureur n'est que quelqu'un qui court, un "joggeur"! La traduction de Ledoux est souvent modernisée, vivifiée, par Daniel Lauzon mais celui-ci oblige ici le lecteur à une cabriole linguistique autour de cette vieille acceptation du mot.
Je remercie au passage Lomelinde de nous laisser apercevoir la probable volonté de Tolkien de faire remonter l'étymologie de Ranger au Quenya (plutôt qu'au Français) à travers la racine Ran et l'unité de mesure des distances Ranga. Une volonté qui me semble évidente au regard de la boucle temporelle et sémantique, typique de l'"humour philologue" de Tolkien, mise en place quand Aragorn Roi adopte officiellement le nom de Grand-pas/Telcontar pour sa Maison. Le Dunadan commence le roman comme un Ranger et le termine Telcontar! Que de chemin parcouru!
Malheureusement Daniel Lauzon ne pouvait traduire Ranger par Arpenteur...
Je conçois que le Rôdeur que nous connaissions véhicule une notion péjorative qui ne trouve place et raison dans le roman traduit par Ledoux que à travers le regard peu amène que les Hommes de Bree (navré mais Brie reste pour moi un fromage et je regrette ce choix de transcription) posent sur les Dunedain en exil. Bien que Errants recouvre aujourd'hui une acceptation hasardeuse un peu inquiétante, si pas aussi infamante que celle du Rôdeur, ce terme aurait permis de créer une passerelle avec les mythes du Chevalier Errant que Tolkien connaissait bien.
Bien qu'au fond seul un certain conservatisme me fasse préférer le Rôdeur au Coureur, je ne suis pas non plus convaincu par Veilleur ou d'autres termes proches.
A tout le moins, cette discussion me permet, et sûrement à d'autres aussi, de mesurer la difficulté d'une tâche telle la traduction de Tolkien.
Dorées les feuilles tombent, mais le rêve se poursuit
Là où l'espoir demeure, les eaux chantent sous la nuit
Là où l'espoir demeure, les eaux chantent sous la nuit