J'avoue qu'il est toujours difficile de se mêler à ces discussions, qui plus est dans un contexte de promotion, discussions où on peut rapidement finir par passer pour un lecteur un brin maniaque simplement parce qu'on lit un livre avec une attention particulière : pas si facile, en fait, d'être un lecteur de Tolkien, de ce point de vue ! Pour ma part, je l'ai déjà dit maintes fois, mais je le répète : je n'aime pas le mot "fan" et je ne me vis pas comme tel en tant que lecteur de Tolkien. Cela n'empêche pas un regard particulier sur une œuvre qui est, sans doute, de facto, l'objet d'une certaine passion, au moins vu de l'extérieur... Bref, si Lomelinde, compte tenu de ce qu'il écrit, peut sans doute paraître exigeant pour sa part, je ne crois pas l'être particulièrement pour la mienne et j'espère donc que le contenu de mon message ne sera pas perçu comme quelque-chose d'aussi pénible que ce que Vincent dit (sur JRRVF) avoir fait lui-même subir à Daniel Lauzon.
J'avais eu l'occasion de donner un modeste avis sur le présent fuseau en juin dernier, concernant la nouvelle traduction d'une façon assez générale, et je me permets d'y renvoyer pour que mon point de vue soit le plus clairement perçu possible : https://forum.tolkiendil.com/thread-4983...#pid143722
Être amené à réfléchir et à comprendre est en effet un des plaisirs de la lecture, avec aussi bien sûr la perception sensible avec sa part d'intuition. Dès lors, puisque nous en sommes à nouveau ici à évoquer des détails (auxquels il ne faut sans doute pas passer son temps à s'attarder), et que c'est toujours une chance que de pouvoir échanger avec un traducteur, je saisis en passant l'occasion de revenir sur un exemple de changement que j'avais abordé dans mon message de juin dernier : avoir traduit/remplacé le mot « tub » par le mot « cuve » dans le chapitre V du premier livre du Seigneur des Anneaux, lors de la scène de bain à Creux-le-Cric, n'a-t-il pas pour conséquence in fine de restreindre ici l'interprétation du mot et non de l'ouvrir comme on l'entend avec l'emploi du terme « Coureur » pour « Ranger » ? Le sens du mot « cuve » est certes plus large, mais il me semble moins précis que celui de « tub », notamment quand on songe au contexte culturel dans lequel Tolkien l'utilise. Je ne crois pas, honnêtement, que son emploi suspende tant que cela l'incrédulité, même aujourd'hui, tout comme le fameux pistolet à bouchon du Hobbit, même s'il s'agit là d'un autre roman avec globalement un autre ton. Après, certes, on pourra toujours dire que je suis influencé là par une de mes passions qu'est la peinture et que je connais suffisamment de représentations de tubs par des peintres comme Degas, Vallotton, Bonnard et d'autres, pour que le terme « tub » dans un roman de fantasy, écrit par un auteur né en 1892, me parle dès lors beaucoup plus qu'à d'autres lecteurs, mais bon, que voulez-vous : on est comme on est.
Bref, le cas de "mon" « tub » est sans doute plus anecdotique que celui du « Ranger » pointé par Lomelinde par rapport à l'ensemble du roman, mais compte tenu de ce que j'avais évoqué dans mon message de juin, les échanges récents ici m'amènent à voir ma modeste observation de lecteur me revenir à l'esprit. Alors, au point où nous en sommes, autant l'évoquer à nouveau.
Cordialement,
Hyarion.
(26.10.2015, 06:47)Daniel Lauzon a écrit : Je sais que les amateurs de Tolkien sont de fins lecteurs ; je sais aussi que la plupart sont capables et désireux de s’instruire. Ainsi, au même titre qu’un écrivain, il m’arrive de faire de choix qui requièrent de leur part des connaissances, une culture, une faculté d’analyse et de discernement. C’est, après tout, l’un des plaisirs de la lecture que d’être amené à réfléchir et à comprendre.
J'avais eu l'occasion de donner un modeste avis sur le présent fuseau en juin dernier, concernant la nouvelle traduction d'une façon assez générale, et je me permets d'y renvoyer pour que mon point de vue soit le plus clairement perçu possible : https://forum.tolkiendil.com/thread-4983...#pid143722
Être amené à réfléchir et à comprendre est en effet un des plaisirs de la lecture, avec aussi bien sûr la perception sensible avec sa part d'intuition. Dès lors, puisque nous en sommes à nouveau ici à évoquer des détails (auxquels il ne faut sans doute pas passer son temps à s'attarder), et que c'est toujours une chance que de pouvoir échanger avec un traducteur, je saisis en passant l'occasion de revenir sur un exemple de changement que j'avais abordé dans mon message de juin dernier : avoir traduit/remplacé le mot « tub » par le mot « cuve » dans le chapitre V du premier livre du Seigneur des Anneaux, lors de la scène de bain à Creux-le-Cric, n'a-t-il pas pour conséquence in fine de restreindre ici l'interprétation du mot et non de l'ouvrir comme on l'entend avec l'emploi du terme « Coureur » pour « Ranger » ? Le sens du mot « cuve » est certes plus large, mais il me semble moins précis que celui de « tub », notamment quand on songe au contexte culturel dans lequel Tolkien l'utilise. Je ne crois pas, honnêtement, que son emploi suspende tant que cela l'incrédulité, même aujourd'hui, tout comme le fameux pistolet à bouchon du Hobbit, même s'il s'agit là d'un autre roman avec globalement un autre ton. Après, certes, on pourra toujours dire que je suis influencé là par une de mes passions qu'est la peinture et que je connais suffisamment de représentations de tubs par des peintres comme Degas, Vallotton, Bonnard et d'autres, pour que le terme « tub » dans un roman de fantasy, écrit par un auteur né en 1892, me parle dès lors beaucoup plus qu'à d'autres lecteurs, mais bon, que voulez-vous : on est comme on est.
Bref, le cas de "mon" « tub » est sans doute plus anecdotique que celui du « Ranger » pointé par Lomelinde par rapport à l'ensemble du roman, mais compte tenu de ce que j'avais évoqué dans mon message de juin, les échanges récents ici m'amènent à voir ma modeste observation de lecteur me revenir à l'esprit. Alors, au point où nous en sommes, autant l'évoquer à nouveau.
Cordialement,
Hyarion.
All night long they spake and all night said these words only : "Dirty Chu-bu," "Dirty Sheemish." "Dirty Chu-bu," "Dirty Sheemish," all night long.
(Lord Dunsany, Chu-Bu and Sheemish)
(Lord Dunsany, Chu-Bu and Sheemish)