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Tolkien et la permaculture
#3
Ce texte nous emmène à la découverte d'un repaire secret où vivent une partie des Dúnedain d'Arthedain. Il est construit sur le principe des zones de permaculture.
Le rendu renvoie à un texte déjà publié:
http://forum.tolkiendil.com/thread-7412.html

Après avoir laissé derrière nous les ruines de Norchâteau-le-Roy, nous nous engageâmes dans les vastes strates du Tyrn Formen. Ces plateaux en escalier s'élevaient à notre droite pour atteindre à leur extrémité les plaines hautes du Rhudaur. À notre gauche, à une vingtaine de lieues on pouvait distinguer par beau temps le reflet du couchant dans les eaux calmes et majestueuses du lac Nenuial. Le terme de notre périple se trouvait un peu plus au nord, dans la troisième strate. Mallor allait accomplir son premier temps de service, et je le guidais vers notre repaire caché de Romelbarn.
Le premier signe, pour qui a la vue perçante des Aînés, était la présence, haut dans le ciel, d'un aigle majestueux. Il avait jeté son dévolu, comme nombre de sa race, sur un piton isolé, émergeant d'un de ces crache-brume, ou puiahîth (*). Alors que les hommes et même la terre étaient tourmentés par l'emprise du Roi-sorcier d'Angmar, avaient jaillit du sol, telles des éructations granitiques, ces cheminées de vapeur soufrée. Avec mon compagnon nous pouvions maintenant apercevoir la colonne d'air chaud qui troublait l'horizon, ainsi que les volutes brumeuses. À celui qui détenait le secret, il était alors donné de distinguer, se mêlant à la vapeur des eaux bouillonnantes du sous sol, la fumée d'un bon feu de bois, cœur d'un foyer accueillant.
Une nouvelle journée de marche nous avait conduit au pied du massif. Il était semblable à un bonnet de bouffon, moquant la couronne du roi : un pic, quelques dents tordues, des cheminées crachant leur panache. La partie basse était entourée d'un bois sauvage et touffu.
Deux aigles, bien visibles maintenant semblaient monter une garde vigilante, deux cercles hauts dans le ciel. Il est des sentiers secrets que la tradition ainsi qu'un entretien soigneux offre à l'exilé. Au détour d'un amas de ronces, se faufilant sous un épineux bosquet, il nous conduisit dans le premier cercle du repaire. Le massif était couvert d'une alternance de ceintures végétales, dont les dernières s'accrochaient à la base des pentes les plus abruptes. Ce n'est qu'une fois parvenu au cœur du repaire que sa vraie nature se révélait. La succession de ceintures formait des zones, patiemment formées par nos pères dans les débuts de leur exil.
La première, pour l'étranger qui passe au loin, mais en fait la cinquième pour qui vit au cœur, était la plus sauvage. Touffue, haute, elle servait de barrière naturelle mais aussi de havre pour de très nombreux animaux. Elle mesurait jusqu'à une demi lieue dans sa plus grande largeur et encerclait tout le massif.
La suivante – ou quatrième - accueillait les pâturages tournants des vaches, moutons et chevaux nécessaires à la communauté. La troisième, ou généreuse voyait fleurir de multiples parcelles de céréales entremêlées de minuscules vergers-bosquets où s'étaient auparavant succédé, dans un ordre bien défini, petits et grands animaux. L'avant dernière, imbriquée dans le temps et l'espace avec la précédente accueillait les animaux et répondait au vocable d' hospitalière. Enfin la dernière, ou première pour les habitants du lieux était la potagère implantée en terrasses. Sise contre, voire même parfois sur, des habitations troglodytes, creusées à l'endroit où le massif s'élevait maintenant à la quasi verticale.
Au dessus des troglodytes, et selon le relief, une autre ceinture, formée de longues terrasses ou de petites plate-formes avait été aménagée. Elle recevait la forêt-jardin, avec ses trois étages de fruits, baies et salades vivaces. Une dernière ceinture, incomplète s'accrochait péniblement au moindre ressaut et proposait une autre forme de sauvage.
Mallor qui était né comme beaucoup dans un repaire avait grandi en errance, allant de rendu en rendu, exilé intérieur d'un royaume perdu. Il avait participé à ses premières fêtes de mereth egledh(**), dès qu'il fut assez vigoureux pour endurer le voyage. Mais aujourd'hui il allait poser son sac, pour quelques années. Un repaire abritait quelques ateliers sédentaires tels que la forge, le tissage, on y travaillait de manière plus efficace bois terre ou verre et on pouvait aussi relier, copier ou écrire.
Après quelques années de service, ayant mieux discerné sa vocation il serait dirigé vers tel ou tel fonction et reprendre l'errance. Certains pouvaient même être envoyés exercer l'art du soin dans les Maisons de guérison à Minas Tirith, s'engager dans la milice à Dale ou devenir copiste dans la Dernière Maison Simple.
En quittant Romelbarn, je pris la direction de l'est, rejoindre un groupe de Rôdeurs. Des trolls descendaient des Monts Brumeux, menaçant la fragile paix des hommes de Bree. Nous étions veilleurs sans trêve, protecteurs sans reconnaissance, jusqu'au retour du roi.
Derrière moi disparaissait dans le couchant la couronne de bouffon, dissimulant aux yeux des créatures ténébreuses sa petite communauté d'exilés.

(*) et (**) mots elfique pour faire joli à mes oreilles...
La lumière n'indique pas le bout du tunnel, c'est la lanterne de celui qui comme toi, cherche à sortir.
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Tolkien et la permaculture - par sam sanglebuc - 12.08.2017, 23:07

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