11.09.2015, 19:10
(10.09.2015, 16:57)GURTHANG a écrit : Tolkien a collaboré à la traduction du Livre de Job et on retrouve les thèmes de ce livre dans Les enfants d'Hùrin.
Job comme Hùrin est retenu en un lieu depuis lequel il peut voir ses espérances terrestres disparaitre les une après les autres jusqu'à ce que l'Orgueil (personnalisé chez Tolkien comme dans le catholicisme par le Dragon) périsse ce qui libère Job/Hùrin. Notons que Job maudit le créateur et que Hùrin maudit la Terre de Milieu et qu'alors ils sont libérés.
Il est vrai que Tolkien avait été envisagé pour la traduction de Job, mais en l'occurrence il a dû décliner faute de temps. Il n'a finalement mené que la traduction de Jonas.
Incidemment, le Job biblique ne maudit en aucun cas le Créateur : il se plaint de ce que Dieu ne lui offre pas de réponse, il maudit son existence, ses sources d'affliction, la dureté de la condition humaine, ses amis qui ne lui sont d'aucun secours moral, mais assurément pas Dieu, car cela irait contre sa piété.
En fait, on pourrait plutôt voir Húrin comme un anti-Job : Job est d'abord brisé moralement par ses avanies, mais il garde un espoir dans la justice de Dieu, tandis qu'Húrin résiste d'abord à Morgoth, mais sans espoir aucun. C'est Dieu qui autorise le Satan à affliger Job, quand Morgoth persécute Húrin sans mandat divin. Enfin, Job est finalement sauvé et rétabli dans une situation deux fois meilleure qu'auparavant, alors que la déchéance de Húrin se poursuit même après sa libération apparente jusqu'à son suicide final.
(10.09.2015, 16:57)GURTHANG a écrit : Pour coller à l'actualité cinématographique, voyons que les douze nains sont tels les douze tribus d'Israël chassées de leur cité et réduit à l'exode. Remarquons là aussi que le dragon est l'Orgueil des nains. Et que cet orgueil chasse les nains de leur Jérusalem.
Il y a donc deux niveaux de lecture. Un niveau factuel : le dragon chasse les nains de leur "Jérusalem terrestre". Et un niveau spirituel : "l'orgueil fait que les nains quittent leur "Jérusalem céleste".
Pour moi, c'est franchement tiré par les cheveux, d'autant que :
1) La ruine des royaumes d'Israël et de Juda intervient en deux temps et par l'effet de deux royaumes différents : Assyrie et Babylonie.
2) Les Nains du Hobbit sont au nombre de... treize.
(10.09.2015, 16:57)GURTHANG a écrit : PS: j'écris "le Dragon est l'orgueil" car il me semble qu'il n'y a pas de sens allégorique chez Tolkien. L'anneau ne figure pas le pouvoir, l'anneau est le pouvoir. Comme le sens allégorique de l'ancien testament prévaut dans le catholicisme (Cf Origène), l'œuvre de Tolkien ne peut être allégorique sous peine d'être une allégorie d'allégorie. Au contraire Tolkien utilise son pouvoir créateur pour réifier la lecture allégorique qu'il a, en bon catholique, de l'ancien testament.
Bon, là, j'avoue n'avoir pas compris l'argumentaire...
(10.09.2015, 16:57)GURTHANG a écrit : mais pour saisir la logique catholique qui sous-tend l'œuvre, il faut être Théologien.
Plutôt d'accord sur ce dernier point.
E.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland