30.07.2015, 16:09
(27.07.2015, 18:20)Hyarion a écrit : Pourquoi parler de "paganisme" s'agissant du polythéisme gréco-romain ? L'emploi de ce terme est-il bien neutre ?
[...]
Là encore, pourquoi parler d'une influence "païenne" ? Malgré l'évolution de la langue, j'avoue toujours trouver dans l'usage de tels termes un côté dépréciatif, comme si ce que Tolkien considérait personnellement comme un "mythe vrai" - la Révélation chrétienne - devait absolument conditionner notre vision des choses quant à d'autres mythes...
Puisqu'on reste ici en lien avec le sujet, j'emploie souvent « paganisme » pour faire plus court que « polythéisme gréco-romain », pas spécialement parce que Tolkien emploie le terme dans son œuvre par opposition à « chrétien ». Au demeurant, le terme possède une étymologie impeccable, puisqu'il est utilisé par Juvénal et Tacite pour désigner le civil, le bourgeois par opposition au militaire. C'est ensuite Tertullien qui en étend l'usage pour l'opposer aux milites Christi.
(27.07.2015, 18:20)Hyarion a écrit : Mais là, surtout, ce qui m'interpelle, c'est la disparition des naïades et des dryades... Outre le cas particulier de Baie d'Or, pour les dryades, tu sais que ce n'est pas tout à fait vrai...
Hé, je sais bien, mais elles se font éminemment discrètes dans les textes tardifs de Tolkien. Au demeurant, je demeure persuadé que Tolkien n'a pas fondamentalement changé de conceptions (hormis la réelle disparition des enfants des Valar), mais l'a polie pour justement en éliminer tout ce qui pouvait ouvertement évoquer la mythologie gréco-romaine, dont il souhaitait se détacher.
(27.07.2015, 18:20)Hyarion a écrit : Quant aux naïades, qui du reste, me semblent-il, concernent les eaux douces, je ne sais pas s'il en explicitement question nominalement, à la différence des sirènes et de nymphes plutôt associées au monde marin dans les Contes perdus pour autant que je sache, auquel cas on pourrait éventuellement faire une analogie peut-être avec les néréides ou plus généralement les haliades. À moins qu'une évocation de naïades m'est échappé (je parle bien des Contes perdus)...
Dans le texte (méconnu) « The Creatures of the Earth », édité dans le PE 14, p. 5–10 et explicitement lié aux « Contes perdus », on retrouve notamment mention des Fays « Fées » (différentes des Elfes), dont font partie les nermir « fées des bocages », tavári « fées des bois », nandini « fées des vallées », orossi « fées des montagnes », ainsi que des « fées des rivières » dont le nom qenya n'est pas donné.
À la fin du texte, une liste inachevée lie certains Valar avec les quatre éléments et pour les eaux on retrouve notamment nenuvar qui renvoie aux eaux douces et ektelarni qui désigne des créatures en lien avec les sources.
Pour le coup, si on n'est pas réellement dans l'animisme, on est du moins dans une conception étroitement modelée sur les conceptions polythéistes gréco-romaines (cela conviendrait aussi — entre autres — aux religions hindouistes ou shintoïstes, mais Tolkien n'y faisant jamais référence, cela reste beaucoup moins probable).
[EDIT MODÉRATION]
Suite aux remarques justifiées de Zelph', le présent fuseau a été scindé et l'autre moitié se trouve désormais à l'adresse suivante, sous le titre « Animisme, polythéisme, christianisme et leur influence chez Tolkien » (difficile de faire plus court étant donné la nature diffuse de la discussion en cours).
Merci à tous de bien vouloir respecter la décision des modérateurs et de vous efforcer de respecter le sujet de chaque fuseau. Chacun peut bien sûr ouvrir un nouveau fuseau s'il souhaite réagir à un élément d'une discussion en cours tout en ouvrant des perspectives qui risquent de faire fortement dévier le sujet. C'est la façon la plus simple pour éviter que les lecteurs occasionnels ne se perdent dans les méandres du forum. (Et, oui, chacun peut bien sûr incriminer l'esprit cartésien et analytique qui a conduit à diviser cette discussion en ses éléments constituants, mais de préférence par MP et pas sur le fuseau lui-même. )
Elendil
[/EDIT]
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland
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