06.04.2014, 12:48
(Modification du message : 06.04.2014, 13:13 par aravanessë.)
Et bien, le dernier numéro de notre fanzine L'Arc et le Heaume édite un article de Laura Martin-Gomez (Forfirith) intitulé Figure du lecteur et du narrateur mais il se concentre sur la seule œuvre du Hobbit.
Ensuite, on commence à trouver pas mal de choses en anglais sur l'écriture de Tolkien, mais c'est très dispersé, des articles de ci, de là. Je pense que d'autres seront mieux t'indiquer où chercher, surtout que je suis peu au fait des publications des cinq dernières années.
Pour ce qui est de l'expression des sentiments chez Tolkien, il est vrai que le Silmarillion, notamment le récit des Temps Anciens avant même l'arrivée des Enfants d'Ilúvatar, peut paraître peu expressif. En fait cela tient surtout au statut interne des textes : beaucoup de textes de Tolkien sont des annales, ou se veulent des mises en ordre de traditions héritées, des travaux de pseudo-historiens ou du moins de compilateurs. Le parti-pris d'écriture est donc épique, voire mythologique, et non romancé et intimiste. A mesure que les traditions se précisent, voire que les auteurs sont contemporains des évènements qu'ils rapportent, ils peuvent davantage psychologiser leur récit.
Par ailleurs, d'un point de vue externe, les grands récits (Épopée de l'anneau, de Beren et de Lúthien, des enfants de Húrin, d'Aldarion et d'Erendis...) font plus part aux sentiments des héros car le parti-pris d'écriture se rapproche plus de celui du roman (ce que Le Seigneur des Anneaux, Le Hobbit ou Les Enfants de Húrin sont), avec des alternances entre des moments très intimistes (notamment les dialogues au style direct qui effacent le narrateur) mais aussi des points de vue surplombant où le narrateur est omniscient et médiatise complètement le regard que l'on porte sur les personnages.
Il est vrai cependant qu'on est très loin du style de G.R.R. Martin où l'histoire est entièrement vue au travers des yeux de ses protagonistes, avec leurs lots de méconnaissances et d'erreurs d'appréciation qui font que l'on n'a pas accès à d'autres connaissances des évènements que celle, fragmentaire et filtrée émotionnellement, des personnages.
Chez Tolkien, le narrateur est très présent et prend parfois le pas sur les personnages : le long prologue de La Communauté de l'Anneau sur les mœurs et l'histoire des Hobbits en est un exemple frappant. On est plus dans le récit ethnographique que le roman. Pas de place aux sentiments.
aravanessë
Ensuite, on commence à trouver pas mal de choses en anglais sur l'écriture de Tolkien, mais c'est très dispersé, des articles de ci, de là. Je pense que d'autres seront mieux t'indiquer où chercher, surtout que je suis peu au fait des publications des cinq dernières années.
Pour ce qui est de l'expression des sentiments chez Tolkien, il est vrai que le Silmarillion, notamment le récit des Temps Anciens avant même l'arrivée des Enfants d'Ilúvatar, peut paraître peu expressif. En fait cela tient surtout au statut interne des textes : beaucoup de textes de Tolkien sont des annales, ou se veulent des mises en ordre de traditions héritées, des travaux de pseudo-historiens ou du moins de compilateurs. Le parti-pris d'écriture est donc épique, voire mythologique, et non romancé et intimiste. A mesure que les traditions se précisent, voire que les auteurs sont contemporains des évènements qu'ils rapportent, ils peuvent davantage psychologiser leur récit.
Par ailleurs, d'un point de vue externe, les grands récits (Épopée de l'anneau, de Beren et de Lúthien, des enfants de Húrin, d'Aldarion et d'Erendis...) font plus part aux sentiments des héros car le parti-pris d'écriture se rapproche plus de celui du roman (ce que Le Seigneur des Anneaux, Le Hobbit ou Les Enfants de Húrin sont), avec des alternances entre des moments très intimistes (notamment les dialogues au style direct qui effacent le narrateur) mais aussi des points de vue surplombant où le narrateur est omniscient et médiatise complètement le regard que l'on porte sur les personnages.
Il est vrai cependant qu'on est très loin du style de G.R.R. Martin où l'histoire est entièrement vue au travers des yeux de ses protagonistes, avec leurs lots de méconnaissances et d'erreurs d'appréciation qui font que l'on n'a pas accès à d'autres connaissances des évènements que celle, fragmentaire et filtrée émotionnellement, des personnages.
Chez Tolkien, le narrateur est très présent et prend parfois le pas sur les personnages : le long prologue de La Communauté de l'Anneau sur les mœurs et l'histoire des Hobbits en est un exemple frappant. On est plus dans le récit ethnographique que le roman. Pas de place aux sentiments.
aravanessë