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Runes, symbolisme et hermétisme
#11
(16.12.2013, 16:13)Crayon Volant a écrit : Il y a UNE chose qui échappe à l' analyse: c' est ce qui tient aux Causes. Elle n' observera que des effets et restera cantonnée au monde des phénomènes. Nôtre science actuelle ne remontera pas aux processus capables de créer des Causes.

Pourquoi des paroles douces produiront de grands bienfaits à une plantes, tandis que la négligence ou l' irrespect la fera dépérir plus vite ? la science moderne ne l' expliquera pas. En revanche elle en mesurera tout à fait les effets, et donc le bien-fondé des vertus de la parole positive et de l' intention.

Certes, l'observation des phénomènes de permet que de constater les conséquences. Néanmoins, la science peut ensuite bâtir des tentatives d'explications basées sur l'observation. Si on peut mesurer l'effet que la parole a sur les plantes, on peut alors faire varier les paroles et les intentions (expérience contrôlée) et essayer ensuite d'expliquer la variation des résultats au moyen d'une théorie. Cette théorie n'est d'ailleurs supposée qu'être un modèle d'explication de la réalité, modèle susceptible d'être révisé à la lumière de nouvelles observations. Tant qu'une théorie est contrôlable au moyen d'une expérience, c'est une théorie scientifique, quelle que soit la réalité qu'elle s'efforce d'expliquer.

Exemple-type : l'acupuncture et l'homéopathie chinoises (toutes deux pratiquées par une large fraction de ma famille, médecins de leur état). Dans certaines conditions, ces méthodes donnent de meilleurs résultats que les placebos, mais pas systématiquement. La médecine européenne est encore incapable de l'expliquer. Néanmoins, je ne doute pas que nous arrivions un jour à une explication, qui correspondra ou non à l'explication traditionnelle chinoise. Dans l'état actuel des choses, le modèle traditionnel chinois est le meilleur modèle dont nous disposions.

(16.12.2013, 16:13)Crayon Volant a écrit : Toutefois la genèse même du symbolisme runique s' apparente manifestement avec celle de systèmes symboliques beaucoup plus anciens, et le marteau de Thor pour seul exemple était déjà connu des Indiens ou des Tibétains, sous un autre nom. Toutes les religions boivent à la même source, il en va de même pour la symbolique.

Pour les Indiens védiques, je préfère souligner que le dieu fonctionnellement équivalent à Thor est Indra, qui manie le vajra, c'est-à-dire le foudre, à l'instar de Zeus ou Jupiter. Dans la mythologie pré-védique, Indra constitue un duo avec Vāyu, dieu du vent, équipé d'un étendard ; un tel duo ne se retrouve pas dans les versions de la mythologie germanique dont on a gardé des traces. L'équivalent épique d'Indra dans l'épopée du Mahābhārata est le héros Arjuna, qui manie de préférence l'arc. Celui de Vāyu est Bhima, grand manieur de massue (à l'instar d'Héraklès). Je renvoie en bloc à Mythe et Épopée I pour les explications de Dumézil.

Bref, dire que « le marteau de Thor pour seul exemple était déjà connu des Indiens ou des Tibétains, sous un autre nom » ne suffit pas pour me convaincre. Certes, le vajra et le marteau de Thor ont le même rôle et globalement les mêmes pouvoirs, mais l'un et l'autre descendent d'un symbole plus primitif, dont on ne peut aujourd'hui reconstituer la forme ou la symbolique exacte, bien qu'on puisse dans une certaine mesure la délimiter. Quand à une influence directe des Indiens sur les Scandinaves, c'est une piste qui a longuement été explorée par les détracteurs de Dumézil (qui n'admettaient pas l'hypothèse d'un héritage indo-européen commun) : cela n'a pas donné le moindre résultat.

(16.12.2013, 08:54)Elendil a écrit : Pourquoi faire l' impasse sur une méthode plutôt que l' autre ? La symbolique a plusieurs niveaux de lectures. Cela ne sert peut-être pas dans l' exemple que tu donnes, mais on ne peut tirer un trait dessus à priori.

Le principe scientifique commande de ne jamais exclure une piste à priori. En l'occurrence, mon exemple est justement choisi parce qu'on connaît la symbolique des objets trifonctionnels. L'important ici n'est pas la coupe isolée, mais sa place dans le groupement de trois objets. On retrouve de tels groupements chez de nombreux peuples indo-européens, y compris les anciens Irlandais. Chez ces derniers, quatre talismans sont généralement regroupés : la Pierre de Fal (Lia Fáil), la lance de Lug et l'épée de Nuada, le chaudron de Dagda. Si on s'intéresse à une symbolique trop générale de la coupe, il sera tentant de l'assimiler au chaudron, alors qu'en fait, le talisman fonctionnel correspondant est la Pierre de Fal : les deux sont des symboles de souveraineté au sein de l'ensemble auxquels ils appartiennent.

(16.12.2013, 16:13)Crayon Volant a écrit : Le sujet est très délicat comme je le disais, car nous devons faire la différence entre l' enseignement formulé, et l' enseignement non formulé.

Nous avons malheureusement tendance à être outrés par l' idée même de la deuxième, et par le fait qu' elle puisse avoir une valeur hautement pratique et précisément scientifique.

Outré ? Nullement. Mais pour conserver intact un enseignement non formulé, je ne vois que deux possibilités :
- Bénéficier d'un enseignement traditionnel appartenant à une tradition ininterrompue. Ce n'est pas si fréquent et on trouve beaucoup de charlatans en la matière.
- Reconstruire cet enseignement à partir des écrits hermétiques qui sont parvenus jusqu'à nous. Cela impose une démarche scientifique. C'est typiquement l'approche des spécialistes de l'escrime artistique : l'enseignement traditionnel des techniques de combat médiéval occidentales a entièrement disparu il y a plusieurs siècles. Seuls ont été conservés plusieurs traités d'escrime, mais ces traités traitent le sujet d'une manière parfois obscure, car les grands épéistes n'avaient pas forcément vocation à communiquer leur savoir-faire à n'importe qui. Bref, il faut interpréter, de la manière la plus scientifique possible, afin d'arriver à un résultat qu'on peut considérer proche des pratiques anciennes. La situation est différente au Japon, puisque certaines écoles de Bushidō se sont perpétuées jusqu'à nos jours.

(16.12.2013, 16:13)Crayon Volant a écrit : toutefois la difference entre la posséssion de la raison et celle de l' Intelligence est clairement faites dans les textes attribués à Hermes Trismegiste qui nous sont connus.
[...]
Il faut vraiment connaître le travail des porteurs de ces écoles pour se rendre compte de ce que pouvait être la valeur de ce qui y était dispensé. Aussi la nature de leurs détracteurs à travers l' histoire en dit long.

Cela m'intéresse en effet : je ne prétends pas être un expert en philosophie pythagoricienne (même si j'en connais les bases), ni en néoplatonisme. Quant à mes connaissances égyptologiques, elles restent assez modestes : le champ d'étude est gigantesque.

PS : J'ai scindé le fuseau, puisqu'on dévie considérablement du sujet de départ.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
La Chanson de Roland
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