20.10.2013, 19:46
[J'ai commencé cette réflexion sur la manière de considérer les points de vue divergents entre Bilbo et le Seigneur des anneaux, en vue de refaire une partie de JDR avec mon frère qui voulait incarner un dùnadan, avec beaucoup plus de maturité qu'il y a vingt ans de ça, et j'en suis arrivé au fil de mon inspiration au thème de la miséricorde.]
Prenons l'exemple des trolls et des gobelins/orcs.
Dans Bilbo ils ont un nom, une personnalité, ils semblent parfois ne pas être entièrement maléfiques. Dans le Seigneur des anneaux ils sont combattus impitoyablement (« sans pitié »). On note cependant que Tolkien ne va pas jusqu'à les faire se dissiper en une brume noire quand ils meurent, comme si l'enveloppe corporelle n'était qu'une façade d'un mal absolu (certains auteurs de fantastique voient les choses comme ça).
Au niveau de l'histoire, on peut imaginer la chose suivante :
Chaque fois que la pression de leurs chefs, de leur maître, se fait moins forte ils gagnent en liberté, en personnalité. A l'époque de B, Sauron est encore discret, et bien plus à l'ouest des Monts brumeux qu'au Mordor. Mais dans le SdA, Sauron qui s'est révélé (ou le conseil blanc qui l'a dévoilé) impose à nouveau de toute ses forces sa volonté à ses esclaves.
Au niveau mythologique, Tolkien aurait pu dire la chose suivante (qu'il a abordé dans la Lettre 153) :
Morgoth (et Sauron) ne crée rien, il se contente de pervertir, déformer, détruire ou singer. Ce qu'il prend pour une création n'est en fait qu'une projection de son narcissisme orgueilleux ; il remodèle tout à son image. Les orcs ont un lien avec les elfes, les premiers qu'il a capturés ont du servir (comment ?) pour son idée de créature qui soit à même de peupler son monde. De même pour les troll, caricature des ents. Ces monstres ont donc un lien avec les êtres « humains », ils ne sont pas purs esprits malveillants. Et donc lorsque Sauron est affaibli, « l'humanité » des monstres de la terre du milieu peut d'une certaine manière surgir et s'exprimer. On a un curieux exemple de cette humanité entre deux chefs orques quand Sam porte l'anneau et tente de suivre Frodon emmené dans Cirith Ungol (SdA L4, X).
Peut on avoir pitié d'un orc qu'on tiendrait à la pointe de son épée ? Demanderait il grâce ?
En TA 1640, époque utilisée pour JRTM, Sauron dépossédé de son anneau se cache à Dol Guldur, et le roi sorcier, chef des Nazgûls harcèle l'Arthedain depuis l'Angmar. Donc, à part les monstres situés dans le sud de la Forêt noire et ceux de l'Angmar, les autres jouissent d'une relative autonomie. Tout au plus l'influence grandissante de Sauron et des Nazgûls leur permet de se multiplier (contrairement à la vision « naturaliste » de Gary Gygax, il n'y a pas vraiment de sexualité mâle/femelle et de reproduction chez les monstres de Tolkien, mais plutôt une multiplication qui va de pair avec une perte de puissance progressive de Sauron)
Un Dùnadan, noble et lettré, conscient de ses lourdes responsabilités ne pourra laisser la moindre trace de pitié venir jusqu'à son esprit (j'ai en mémoire une parole d'Aragorn dans le film de PJ : « soyez sans pitié car ils seront sans pitié » ; je ne sais plus s'il y a quelque chose de semblable dans le livre). Par contre un hobbit inculte (pléonasme), centré sur ses petites préoccupations et conscient de sa simplicité saura détecter chez un serviteur de Sauron la parcelle d'humanité renaissante (cf le thème de la pitié entre Frodo, Sam et Gollum – Lettre 181).
Prenons l'exemple des trolls et des gobelins/orcs.
Dans Bilbo ils ont un nom, une personnalité, ils semblent parfois ne pas être entièrement maléfiques. Dans le Seigneur des anneaux ils sont combattus impitoyablement (« sans pitié »). On note cependant que Tolkien ne va pas jusqu'à les faire se dissiper en une brume noire quand ils meurent, comme si l'enveloppe corporelle n'était qu'une façade d'un mal absolu (certains auteurs de fantastique voient les choses comme ça).
Au niveau de l'histoire, on peut imaginer la chose suivante :
Chaque fois que la pression de leurs chefs, de leur maître, se fait moins forte ils gagnent en liberté, en personnalité. A l'époque de B, Sauron est encore discret, et bien plus à l'ouest des Monts brumeux qu'au Mordor. Mais dans le SdA, Sauron qui s'est révélé (ou le conseil blanc qui l'a dévoilé) impose à nouveau de toute ses forces sa volonté à ses esclaves.
Au niveau mythologique, Tolkien aurait pu dire la chose suivante (qu'il a abordé dans la Lettre 153) :
Morgoth (et Sauron) ne crée rien, il se contente de pervertir, déformer, détruire ou singer. Ce qu'il prend pour une création n'est en fait qu'une projection de son narcissisme orgueilleux ; il remodèle tout à son image. Les orcs ont un lien avec les elfes, les premiers qu'il a capturés ont du servir (comment ?) pour son idée de créature qui soit à même de peupler son monde. De même pour les troll, caricature des ents. Ces monstres ont donc un lien avec les êtres « humains », ils ne sont pas purs esprits malveillants. Et donc lorsque Sauron est affaibli, « l'humanité » des monstres de la terre du milieu peut d'une certaine manière surgir et s'exprimer. On a un curieux exemple de cette humanité entre deux chefs orques quand Sam porte l'anneau et tente de suivre Frodon emmené dans Cirith Ungol (SdA L4, X).
Peut on avoir pitié d'un orc qu'on tiendrait à la pointe de son épée ? Demanderait il grâce ?
En TA 1640, époque utilisée pour JRTM, Sauron dépossédé de son anneau se cache à Dol Guldur, et le roi sorcier, chef des Nazgûls harcèle l'Arthedain depuis l'Angmar. Donc, à part les monstres situés dans le sud de la Forêt noire et ceux de l'Angmar, les autres jouissent d'une relative autonomie. Tout au plus l'influence grandissante de Sauron et des Nazgûls leur permet de se multiplier (contrairement à la vision « naturaliste » de Gary Gygax, il n'y a pas vraiment de sexualité mâle/femelle et de reproduction chez les monstres de Tolkien, mais plutôt une multiplication qui va de pair avec une perte de puissance progressive de Sauron)
Un Dùnadan, noble et lettré, conscient de ses lourdes responsabilités ne pourra laisser la moindre trace de pitié venir jusqu'à son esprit (j'ai en mémoire une parole d'Aragorn dans le film de PJ : « soyez sans pitié car ils seront sans pitié » ; je ne sais plus s'il y a quelque chose de semblable dans le livre). Par contre un hobbit inculte (pléonasme), centré sur ses petites préoccupations et conscient de sa simplicité saura détecter chez un serviteur de Sauron la parcelle d'humanité renaissante (cf le thème de la pitié entre Frodo, Sam et Gollum – Lettre 181).