Citation :Le débat n'est pas savoir si l'oeuvre Tolkien est catholique car cela est directement confirmé par l'auteur.
Attention quand même à manier cela avec toutes les précautions utiles... Ce que Tolkien indique, dans une lettre au père Murray, c'est que le SdA est "une œuvre fondamentalement religieuse et catholique ; de manière inconsciente dans un premier temps, puis de manière consciente lorsque je l'ai retravaillée" (n°142) - Il est toujours bon, d'une part, de se rappeler à qui est adressée une lettre, car ce n'est pas forcément anodin, et le contexte dans lequel elle a été écrite; d'autre part une lettre doit toujours être prise avec précaution, tant sur les intentions de l'auteur (présumées, à un instant de réflexion qui n'est pas nécessairement celui de la rédaction de l'œuvre). Ailleurs, il indique plus globalement que "ce monde est monothéiste, avec une “théologie naturelle”"(lettre n°165). Dans son interview par Dennis Gerrolt pour la BBC4 en 1971, interrogé sur la présence de Dieu dans son œuvre, il mentionne avec une sorte d'hésitation (qui contraste avec la vigueur dont il témoigne, interrogé sur sa propre foi juste après) qu'il est mentionné à une ou deux reprises, c'est "l'unique" (soit donc Eru). On pourrait continuer à dresser la liste des citations, mais il me semble qu'elles sont souvent très prudentes. Il ne faut pas forcément s'arrêter à ce qu'un auteur raconte de sa propre œuvre, ou le tenir pour un acquis certain alors que lui même y met plus de nuance. Enfin, tout ceci s'applique au SdA et à une partie tardive du Silmarillion, mais il serait moins aisé de le généraliser à l'ensemble de l'œuvre de Tolkien (dans le "légendaire" comme au dehors dans les autres contes).
D.
Citation :Tolkien ne voulant pas de Dieu dans le SdA, l'objet de la foi est en effet une difficulté.
Qu'est ce qui te fait dire exactement, aussi rapidement, que Tolkien ne "voulait pas" de Dieu dans le SdA ? L'Unique (et la mort comme "don" de l'Unique) est mentionné à quelques reprises dans le SdA... Dans son interview pour la BBC4 en 1971, Tolkien rapproche cet Unique de Dieu... L'espérance dans la bonté et dans le dessein du Créateur est abordée dans l'Athrabeth, "C’est le dernier des fondements de l’Estel, que nous conservons même lorsque nous contemplons la Fin : que de tous Ses desseins, l’issue soit le bonheur de Ses Enfants" (Morgoth's Ring p. 320)... Et ainsi de suite.
Citation :En définitive, par le principe de subcréation, les personnages de foi dans l'oeuvre de Tolkien ont foi en Tolkien qui est la trinité (sub)créatrice.
Je te l'avais déjà dit, cela me paraît être une inversion de sens et une sur-interprétation du concept de sous-création (sur ce dernier, il me faudra y revenir plus tard). Les personnages au sein du légendaire, dans l'économie du récit, n'ont pas foi en Tolkien ! Pour les fidèles, ils ont foi en Eru, non sans doutes parfois (comme ceux exprimés par Andreth dans l'Athrabeth, motivés surtout par sa détresse personnelle). Mais nombreux aussi sont les païens et les serviteurs de l'ombre...
D.