08.05.2012, 16:42
ISENGAR a écrit :Il est intéressant de noter que l'anglicanisme, bien que saisissant certaines particularité de la réforme calviniste (ce qui explique qu'on le range si rapidement et si pratiquement dans les courants extrêmement variés du protestantisme), a toujours conservé en bien des points une relation forte avec la pratique des rites catholiques, avec sa liturgie et son organisation hiérarchique.
C'est vrai, mais à la nuance près que l'Eglise anglicane s'est construite en virulente opposition à l'Eglise romaine, et que les sentiments "anti-papistes" ont longtemps été très présents et très prononcés. Cela dit, ce courant de catholicisme anglican que tu cites paraît effectivement avoir été une sorte de trait d'union. Quelle a été son poids et son influence, je ne saurais le dire, mais l'hypothèse que tu avances paraît plausible.
GURTHANG a écrit :Les vertus cardinales sont prudence, tempérence, courage et justice.
Elles ne sont pas à proprement parlé catholiques mais platoniciennes et reprisent par le catholicisme. Attention, pour les catholiques la vertu pour la vertu ne vaut pas car elle est alors synonyme d'orgueil.
Ces vertus sont présentes dans le SdA.
Je n'employais pas le terme de "vertus cardinales" au sens philosophique ni théologique, mais au sens où elles sont au coeur de l'oeuvre et, justement, jouent un rôle charnière (cardo, en latin) dans le jugement et l'action des personnages.
GURTHANG a écrit :Mais ce qui est proprement catholique, sont les vertus théologales :
Foi (fidélité à la Vérité)
Espérance (je serai face à la Vérité aprés ma mort, vision béatifique, repos en Dieu le 7ème jour)
Charité (Amour de Dieu et amour des autres à travers Lui)
Ces vertus sont présentes dans le SdA.
La charité : Frodon épargne Gollum parce qu'il le voit à travers la "providence".
L'espérance et partout présente.
La foi comme je l'ai déjà dit, il me semble que c'est dans le rapport à l'anneau qu'elle est traitée. Il y a ceux qui agissent fidèlement à la finalité de l'anneau -qui est sa destruction- et ceux qui par manque de vertu ne sont pas fidèles à cette finalité. Par exemple Boromir perd la foi par manque d'espérance.
Objection, votre Honneur !
On trouve en effet des exemples de l'importance de la Charité dans le SdA (voir par exemple le dialogue entre Gandalf et Frodo dans les Mines de la Moria à propos de Gollum, même si le terme n'est pas prononcé). Le cas de l'Espérance a également été abordé ; sans faire d'auto-citation je renvoie à la prochaine publication des travaux de Jérôme Sainton sur le sujet.
Quant à la Foi, il me semble cependant que le sujet est un tantinet plus complexe, et je n'adhère pas franchement, voire franchement pas, à l'exemple que tu donnes. La Foi est évidemment indissociable des deux autres vertus théologales, et en particulier on peut dire que l'Espérance repose sur la Foi (et en cela je dirais plutôt que Boromir n'a pas d'espérance, et donc perd tout espoir, justement parce qu'il n'a pas la foi). Mais il me semble que, pour qu'il y ait foi, il faut qu'il y ait eu une Révélation, c'est-à-dire un dialogue, ou une histoire commune, entre le Créateur et sa créature. Cette histoire est évidente dans le cas des Elfes, particulièrement des Eldar, et leur foi est pleine et entière (malgré l'épisode de leur Chute où, justement, ils ont mal placé leur confiance).
En ce qui concerne les Humains (ou les Hobbits), à l'époque du SdA, c'est donc un peu plus compliqué. Il y a certes la tradition númenoréenne, et la foi d'Aragorn apparaît pleinement lors de sa mort. Pour les Hommes plus ou moins étrangers à cette tradition venue des Eldar, Dieu est resté muet depuis bien longtemps. Une fois de plus, il faut relire l'Athrabeth Finrod ah Andreth, ainsi que le Conte d'Adanel, car l'attitude d'Adanel, c'est-à-dire celle de son peuple, est à l'opposé de celle d'Aragorn : la confiance en Dieu est complètement absente de son discours. Or il me semble que "confiance en Dieu" définit au moins aussi bien la Foi que "fidélité à la Vérité", même si l'étymologie est contre moi.
Aussi, la "foi" de Boromir ou des autres membres de la Communauté de l'Anneau dans la réussite de leur quête n'est pas du même niveau, puisqu'elle reste limitée aux choses de ce monde.
A.