Bienvenue Gurthang
Je pense que certains négligent à tort cet aspect de l'oeuvre de Tolkien, et que d'autres au contraire la surestiment. Et d'abord, je pense que le terme de "catholique" n'est pas tout à fait juste - même si Tolkien lui-même l'a employé, et même s'il était catholique.
En effet, l'Ainulindalë est un récit cosmogonique qui s'apparente à la Genèse. Mais d'une part, la Genèse n'est pas "catholique". Elle est d'abord un écrit du judaïsme. Comme le reste de la Bible juive, elle fait partie de l'Ancien Testament, considéré par tous les chrétiens (et pas seulement les catholiques) comme un texte sacré. La Genèse, comme l'Ainulindalë, décrit la création du monde par un Dieu unique et personnel. C'est le trait distinctif des religions "abrahamiques", le judaïsme, le christianisme et l'islam, qu'on ne retrouve pas, par exemple, dans l'hindouisme ou le bouddhisme.
Qu'est-ce que le christianisme ? Eh bien, parmi les religions dites "abrahamiques", c'est le courant qui affirme que Dieu s'est incarné pour sauver l'humanité, que cette incarnation (son "Fils") est mort pour sauver l'humanité. Or, même s'il existe, dans le SdA, des personnages aux traits plus ou moins "christiques" (Gandalf, Frodo et Aragorn possèdent certains de ces traits), en aucune manière Dieu lui-même (Eru Iluvatar) ne s'incarne et ne se sacrifie pour racheter l'humanité. Pour un message chrétien, c'est un peu faible.
L'Ainulindalë se rapproche, plus encore que de la Genèse, des récits cosmogoniques de type gnostique, qui se sont épanouis dans les premiers siècles du christianisme. Or ces courants - sur lesquels je ne peux pas faire un exposé ici - ont été condamnés et même pourchassés par l'Eglise à partir du IV° siècle, après le premier Concile de Nicée (325).
En revanche, le catholicisme - celui de l'Eglise catholique romaine - n'est pas seulement du christianisme : il est la synthèse du message chrétien, d'origine juive, avec le paganisme préexistant, qu'il soit romain, germanique ou celtique, et avec la philosophie grecque. Et là, Tolkien est tout à fait dans cet esprit, comme le démontre brillamment Laurent Alibert dans son article "Imaginaire médiéval et mythologique dans l'œuvre de Tolkien". Voir ici : http://www.jrrvf.com/essais/imaginaire/i...ction.html
J'envisage l'écriture d'un article détaillé sur toutes ces questions qui me passionnent.
Je pense que certains négligent à tort cet aspect de l'oeuvre de Tolkien, et que d'autres au contraire la surestiment. Et d'abord, je pense que le terme de "catholique" n'est pas tout à fait juste - même si Tolkien lui-même l'a employé, et même s'il était catholique.
En effet, l'Ainulindalë est un récit cosmogonique qui s'apparente à la Genèse. Mais d'une part, la Genèse n'est pas "catholique". Elle est d'abord un écrit du judaïsme. Comme le reste de la Bible juive, elle fait partie de l'Ancien Testament, considéré par tous les chrétiens (et pas seulement les catholiques) comme un texte sacré. La Genèse, comme l'Ainulindalë, décrit la création du monde par un Dieu unique et personnel. C'est le trait distinctif des religions "abrahamiques", le judaïsme, le christianisme et l'islam, qu'on ne retrouve pas, par exemple, dans l'hindouisme ou le bouddhisme.
Qu'est-ce que le christianisme ? Eh bien, parmi les religions dites "abrahamiques", c'est le courant qui affirme que Dieu s'est incarné pour sauver l'humanité, que cette incarnation (son "Fils") est mort pour sauver l'humanité. Or, même s'il existe, dans le SdA, des personnages aux traits plus ou moins "christiques" (Gandalf, Frodo et Aragorn possèdent certains de ces traits), en aucune manière Dieu lui-même (Eru Iluvatar) ne s'incarne et ne se sacrifie pour racheter l'humanité. Pour un message chrétien, c'est un peu faible.
L'Ainulindalë se rapproche, plus encore que de la Genèse, des récits cosmogoniques de type gnostique, qui se sont épanouis dans les premiers siècles du christianisme. Or ces courants - sur lesquels je ne peux pas faire un exposé ici - ont été condamnés et même pourchassés par l'Eglise à partir du IV° siècle, après le premier Concile de Nicée (325).
En revanche, le catholicisme - celui de l'Eglise catholique romaine - n'est pas seulement du christianisme : il est la synthèse du message chrétien, d'origine juive, avec le paganisme préexistant, qu'il soit romain, germanique ou celtique, et avec la philosophie grecque. Et là, Tolkien est tout à fait dans cet esprit, comme le démontre brillamment Laurent Alibert dans son article "Imaginaire médiéval et mythologique dans l'œuvre de Tolkien". Voir ici : http://www.jrrvf.com/essais/imaginaire/i...ction.html
J'envisage l'écriture d'un article détaillé sur toutes ces questions qui me passionnent.