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[Parution] Le Hobbit - nouvelle traduction de Daniel Lauzon - 2012
Et puis, mauvaise idée ou non, elle est parue maintenant depuis un petit bout de temps. Il me semble d'ailleurs même qu'elle était publiée avant la deuxième trilogie jacksonienne.

Après c'est à chacun de s'approprier l'œuvre et de faire sa propre tambouille de noms personnelle en piochant dans ce qu'il aime d'une traduction, d'une autre, ou dans sa fantaisie personnelle (la forêt, elle s'appelle Glauquebois, je vous dis !). De toute façon, la "confusion" terminologique existe dans l'œuvre elle-même : prend Aragorn - Grand-Pas - Elessar - Estel - Thorongil - Telcontar... L'Arpenteur s'ajoute simplement à la liste ; tant que les personnages se distinguent suffisamment par leur éclat et leurs actions, on s'y retrouve assez bien, non ?
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Nous fêtons aujourd'hui les 80 ans du roman Le Hobbit, publié le 21 septembre 1937 au Royaume-Uni !
What's the point of all this pedantry if you can't get a detail like this right?
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Happy birthday!
ᛘᛅᛚᚱᚢᚾᛅᚱ ᛋᚴᛅᛚᛏᚢ ᚴᚢᚾᛅ᛬
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Salut

Je cherche la version illustrée par Jemima Catlin, une idée pour l'avoir à un tarif décent ?

Merci
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À part surveiller les sites de revente d'occasion, il n'y a pas grand chose à faire. Il y en a deux sur Abebooks qui viennent de Suisse, mais le prix + frais de port sont un peu chers.
https://www.abebooks.fr/servlet/SearchRe...682-_-used
What's the point of all this pedantry if you can't get a detail like this right?
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Ok merci je les avais vu mais effectivement un peu cher. J'en ai peut-être trouvé un j'attends confirmation Very Happy
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Fausse joie au final. Me reste plus qu’à le payer plus cher ou l’acheter en VO.
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Bonjour,

Il y a longtemps que je cherchais un site comme celui-ci .
J'attendais beaucoup d'une nouvelle traduction du Seigneur des Anneaux , je suis content de ne l'avoir finalement acquise qu'en édition de poche car elle m'a profondément déçu.
Je ne doute pas du sèrieux de M Daniel Lauzon mais je trouve que l'utilité de son travail est de mettre en évidence le talent de son prédécesseur Francis Ledoux .
Je n'apprécie pas du tout le "niveau de langage " choisi par M Lauzon sans parler de ses choix pour la traduction de la plupart des noms propres et je doute qu'il soit si fidèle que ça à J.R.R. Tolkien qui était un érudit.
Un de mes amis me parlait d'une traduction (de l'Odysée je crois) d'un texte citant littéralement "une femme aux yeux de vache" qu'il fallait évidemment traduire par "une femme aux yeux de biche " pour nos esprits occidentaux du 21 ème siècle pour ne pas dénaturer l'essence du texte.

Ce site étant animé et fréquenté par des passionnés je souhaiterais savoir comment cette nouvelle traduction a été reçue par la communauté francophone des lecteurs du Seigneur des Anneaux.
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Assez diversement, on ne peut pas dire qu'il y ait de consensus. Si la majorité s'accorde sur l'initiative qui est jugée bonne, et sur la qualité littéraire de la traduction des poèmes, le résultat est loin d'avoir convaincu tout le monde, en premier lieu à cause de la retraduction systématique des noms propres. Bref, depuis le début Lauzon a ses thuriféraires et ses détracteurs.
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On peut néanmoins apprécier, pour cette traduction, la cohérence qui ressort de l'ensemble : en français, la Route Perdue, la Formation de la Terre du Milieu, le Hobbit, le Seigneur des Anneaux, ses appendices, sont désormais tous traduits par un même traducteur qui a pris soin d'harmoniser les noms, le style, et sait se fonder sur sa connaissance globale et informée du légendaire tolkienien pour surmonter certaines difficultés particulières et éviter les dissonances. C'est là un point sur lequel cette traduction est objectivement "supérieure" à celle de Ledoux : jusqu'alors, on avait Bilbo Baggins dans un livre qui devenait sans raison Bilbon Sacquet dans le second...

On peut donc espérer que cette entreprise de traduction se poursuive, notamment avec une re-traduction des Contes et Légendes Inachevés qui, pour le moment, conserve pour une bonne part les noms anglais (Rivendell, par exemple), jurant de manière désagréable avec quelque traduction que ce soit du Seigneur des Anneaux. Cette harmonie d'ensemble, que la sortie progressive et posthume des écrits de Tolkien n'avait pas permis de prime abord, est un vrai plus. C'est ce qui justifie, à mes yeux, que l'association Tolkiendil ait choisi, dans son encyclopédie, de privilégier les noms de la nouvelle traduction : certes ils ne font pas l'unanimité et on peut leur préférer les choix effectués par Ledoux, mais ils présentent l'avantage de rester stables et cohérents sur l'ensemble des oeuvres désormais traduites.

Bien sûr, cette entreprise de traduction étant restée en friche (ni le Silmarillion ni les Contes et Légendes Inachevés n'ont encore fait l'objet d'une nouvelle traduction), cet avantage s'en trouve, mécaniquement, amoindri.

Ensuite, on peut discuter longtemps des choix effectués par Daniel Lauzon. Il part avec un handicap : les noms choisis par Ledoux, avec un vrai talent, portent en eux une certaine affectivité, du fait qu'ils nous sont familiers et que nous avons appris à les aimer. Comment oublier Sylvebarbe, pour n'en citer qu'un seul ? Parfois, le choix, pour choquant qu'il soit, est fondé et rationnel : c'est par exemple le cas du Comté, car il s'agit bien, en version originale, d'un ancien comté du royaume d'Arnor. Cela ne m'empêche pas, personnellement, de préférer la Comté, mais cette préférence est sans fondement et en porte-à-faux avec ce que dicte la version originale.

Mais il ne faut pas oublier que les noms ne constituent qu'une partie infime du volume total de la traduction. Daniel Lauzon a été minutieux : il a repéré les effets de style récurrents, il a souvent mis plus de nuance dans sa traduction, donné un plus grand soin aux détails, et enfin a réparé certains oublis, quelques phrases de l'original ayant été mis de côté par Ledoux ici ou là. C'est pour ce travail, plus ingrat, moins perceptible, mais ô combien plus essentiel, que Lauzon doit être félicité.

Quant au niveau de langage, c'est un point crucial. De fait, Tolkien, fin connaisseur de la langue anglaise, a voulu représenter tout l'éventail des registres possibles dans son œuvre, notamment à travers les différentes façons de s'exprimer de ses personnages. Par ailleurs, le jeu sur les relations entre ces personnages, les hiérarchies subtilement exprimées dans les nuances de ton et de déférence, n'étaient guère rendues dans la traduction de Ledoux, et Lauzon les restaure avec talent. Le parler de Sam, très pittoresque dans la nouvelle traduction, est au contraire beaucoup plus fidèle, dans son rendu, à ce souci de la nuance et ce jeu du registre qu'on trouve en version originale.

Malgré toutes ces remarques, qui j'espère vous convaincront du bien-fondé de cette nouvelle traduction, il est toujours permis, je le souhaite !, de préférer la traduction de Francis Ledoux, qui n'est certes pas sans qualité, sans éclat, sans un charme qui lui est particulier. Il y a une question de goût littéraire ici qui ne peut être tranchée. On aura beau pointer tous les défauts de la traduction de Ledoux que rectifie et répare la traduction de Lauzon, il n'en demeure pas moins que cette première traduction avait été élaborée avec un vrai soin, un authentique talent, et reste pleinement appréciable et valable pour ces raisons.

Si donc je préconise l'usage de la traduction de Lauzon, plus rigoureuse et plus méticuleuse, pour tout contexte universitaire ou de discussion fine sur l’œuvre, je suis heureux de voir que les préférences de chacun se portent, selon leurs inclinations individuelles, vers l'une ou l'autre des traductions existantes. C'est une grande richesse que de disposer de deux traductions différentes, et plutôt que d'ériger une traduction comme l'Unique, il convient d'apprécier et de reconnaître cette chance que nous avons.

Un dernier point pour conclure sur les poèmes, et pour illustrer à quel point les sensibilités peuvent diverger : il est vrai que la traduction des poèmes par Daniel Lauzon a été beaucoup vantée. Pour ma part, celle-ci m'a laissé indifférent. Je préfère, de très loin, la version du poème de l'Anneau par Francis Ledoux ; et en règle général le côté un peu suranné et précieux des poèmes de ce dernier emportent bien plus volontiers mon adhésion. Je ne peux donc pas choisir entre les deux traductions, car l'une et l'autre ont leur intérêt, leur spécificité, leurs qualités, et l'une et l'autre en appelleront diversement aux différentes sensibilités des lecteurs, et c'est tant mieux.
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La cohérence pouvait exister aussi avec un consensus de plusieurs auteurs sur la traduction. Lauzon a refusé cette voie, et a désormais comme un monopole qui fait table-rase. C'est ce dernier côté que je trouve gênant. Si cela avait été moins révolutionnaire et moins tape-à-l'oeil (de la "Fraternité" de l'Anneau, à "Arpenteur"), on aurait eu moins de braquages de la part de simples lecteurs, car les noms ont évidemment un poids. Lauzon partait certes avec un handicap du fait de l'affectivité due à Ledoux mais il pouvait composer. Il a délibérément joué la carte rupture et le résultat est ce que l'on sait.

Je suis d'accord qu'il fallait une nouvelle traduction, ne serait-ce que du fait que le Silmarillion avait été publié entre-temps. Mais la démarche ne s'y est pas limitée, parce qu'elle était liée à une envie personnelle de refaire la traduction et pas seulement celle de proposer une version cohérente.

Quant à l'intérêt académique, autant recourir directement à l'anglais, et il n'y a pas de traduction officielle double-tamponnée Smile
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Oui, je suis assez d'accord.

Cela dit, Lauzon avait aussi l'obligation de changer les noms, la plupart étant sous droits. Mais il est vrai que je ne digère pas la "Fraternité", d'autant que les différents membres de la Quête ne sont pas "frères", ce qui suggèrerait une certaine égalité entre eux (or leurs rapports sont en partie régis par la déférence, ne serait-ce que de Sam vers Frodo, de Frodo vers Gandalf, d'Aragorn vers Gandalf).

Quant au recours direct à l'anglais, tu as raison, mais il n'est pas inutile non plus, pour une production académique en français, de faire usage d'une traduction "de référence". Cela évite par exemple des notes de bas de page (par exemple sur le fait que Bilbo dit "Mon Dieu !" dans la traduction de Ledoux) rendues inutiles par la nouvelle traduction. Après, il y a la question du choix personnel de ces productions académiques, qui doit être prise en compte. Ici je ne prétends pas trancher, ni ouvrir le débat (mais j'en reconnais la pertinence).
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C'est vrai, il y avait eu le problème avec les ayant-droits de Ledoux, peut-être pour obtenir une simple mise à jour de la traduction. Bref Smile
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Bonjour,

(01.11.2018, 18:17)Pour Radagast a écrit : Je n'apprécie pas du tout le "niveau de langage " choisi par M Lauzon sans parler de ses choix pour la traduction de la plupart des noms propres et je doute qu'il soit si fidèle que ça à J.R.R. Tolkien qui était un érudit.

Daniel Lauzon a l'immense avantage d'avoir pu travailler à un rythme plus posé que Francis Ledoux et d'avoir bénéficié de quarante ans d'études tolkieniennes et de publications des manuscrits et lettre de Tolkien, ce qui lui a donné un avantage incomparable pour s'inscrire dans le fil des souhaits de Tolkien en rapport avec les traductions. Tant sur les noms propres que les différents niveaux de langue (le style de vocabulaire de Sam, par exemple), le travail de Lauzon est souvent au plus près de l'original, même s'il s'en écarte occasionnellement et — à mon sens — à tort (ex : traduire Grand'Peur pour Mirkwood).

(01.11.2018, 18:17)Pour Radagast a écrit : Un de mes amis me parlait d'une traduction (de l'Odysée je crois) d'un texte citant littéralement "une femme aux yeux de vache" qu'il fallait évidemment traduire par "une femme aux yeux de biche " pour nos esprits occidentaux du 21 ème siècle pour ne pas dénaturer l'essence du texte.

La plupart des traductions, anciennes et modernes, traduisent assez littéralement l'expression en question, très fréquente chez Homère (ex : « Héra aux grands yeux de génisse »). En effet, le propre de la traduction est aussi de dépayser le lecteur et de lui faire saisir la distance qui le sépare de l'original.

(02.11.2018, 11:30)Hofnarr Felder a écrit : Parfois, le choix, pour choquant qu'il soit, est fondé et rationnel : c'est par exemple le cas du Comté, car il s'agit bien, en version originale, d'un ancien comté du royaume d'Arnor. Cela ne m'empêche pas, personnellement, de préférer la Comté, mais cette préférence est sans fondement et en porte-à-faux avec ce que dicte la version originale.

En l'occurrence, je ne suis pas d'accord avec cet exemple : le mot « comté » est fréquemment féminin jusqu'au XIXe siècle et il n'est pas absurde de l'utiliser ainsi, d'autant que l'exemple toponymique le plus connu en France reste reste la Franche-Comté.

(02.11.2018, 12:56)Hofnarr Felder a écrit : Cela dit, Lauzon avait aussi l'obligation de changer les noms, la plupart étant sous droits. Mais il est vrai que je ne digère pas la "Fraternité", d'autant que les différents membres de la Quête ne sont pas "frères", ce qui suggèrerait une certaine égalité entre eux (or leurs rapports sont en partie régis par la déférence, ne serait-ce que de Sam vers Frodo, de Frodo vers Gandalf, d'Aragorn vers Gandalf).

N'oublions pas toutefois que les premières éditions du premier volume du SdA étaient intitulées la Fraternité de l'Anneau. Wink
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
La Chanson de Roland
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(05.11.2018, 09:24)Elendil a écrit : En l'occurrence, je ne suis pas d'accord avec cet exemple : le mot « comté » est fréquemment féminin jusqu'au XIXe siècle et il n'est pas absurde de l'utiliser ainsi, d'autant que l'exemple toponymique le plus connu en France reste reste la Franche-Comté.


Il n'en demeure pas moins que, pour faire sentir aujourd'hui au lecteur que la Comté est un comté, l'emploi du masculin est très largement plus judicieux. Je suis heureux d'apprendre que le choix de Ledoux se défend assez bien, puisque je le préfère en définitive, mais cela ne rend pas le choix de Lauzon moins rationnel et moins fondé. On traduit pour des lecteurs du XXIème siècle, pas des lecteurs du XIXème siècle !
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Je conviens volontiers que le masculin se défend aisément, mais pas qu'il soit un choix préférable au féminin : il faudrait être d'une bêtise crasse pour ne pas comprendre que la Franche-Comté est un ancien comté. La façon dont tu formulais ta phrase laissait penser que le choix de Lauzon était plus rationnel que celui de Ledoux, ce que je conteste.

Au demeurant, je ne considère pas le choix de Lauzon particulièrement "choquant", sauf à considérer tout changement de nom choquant en soi, ce qui n'est pas non plus mon cas.
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Eh bien en ce cas j'étais d'une bêtise crasse jusqu'à ce matin.

Cela dit, pour moi, l'essentiel est le "degré de familiarité". "Shire" est familier pour le lecteur anglais qui a l'habitude du Devonshire, de l'Oxfordshire, et j'en passe et des dizaines d'autres. "Shire" évoque tout de suite cette série de toponymes, avec cette incongruité qu'il n'est finalement le "Shire" de rien du tout. C'est un peu le comté par excellence, générique et, par absence d'une référence précise, en quelque sorte "universel" (on reconnaît bien là le registre encore très "Conte de fées" du Hobbit).

Or, en français, quelque choix qui soit fait, cette familiarité ne sera pas rendue au même degré, car nous n'avons pas de toponymes de ce type (hormis Franche-Comté, donc). Choisir le féminin plutôt que le masculin (en référence effectivement à la Franche-Comté, comme il est avéré), c'est tenter de faire écho à cette familiarité en renvoyant à un (unique !) toponyme familier. Choisir le masculin plutôt que le féminin, c'est rendre plus évidente la nature de comté du Comté, pour tous les indignes lecteurs qui ne seraient pas au fait des conventions de genre d'il y a deux siècles, où le féminin, qui n'a jamais été que minoritaire à ce qu'il me semble, était encore marginalement employé.

Le premier choix se défend certes ; mais il me semble que le second est plus fondé, si l'objectif est de souligner que le/la Comté est un comté et de rendre ce fait plus évident au lecteur français.

Il me paraît bien possible que la traduction la plus claire aurait été "le Pays" (comme on a le Pays de la Loire, le Pays de Bray, le Pays d'Aurillac, etc.), mais qui présente le souci d'être moins incongru et inhabituel que "The Shire", puisque "le Pays" se retrouve facilement seul dans la langue usuelle (ne serait-ce que : rentrer au pays).
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Tolkien souhaitait que soit conservée l'«anglicité» du Comté et c'est pourquoi il s'est opposé, au début, à ce qu'on propose des équivalents dans d'autres langues. Il a fini par reconnaître que, pour la crédibilité et la cohérence du monde secondaire, les noms du Comté devaient être traduits tout autant que le reste. Mais remplacer "le Comté" par "le Pays" dénaturerait sa création plus qu'il n'est nécessaire.

Par ailleurs, je n'ai rien contre "la Comté", mais je constate que plusieurs toponymes importants dans cette terre de Hobbits, particulièrement autour de Cul-de-Sac, se distinguent par leur caractère ordinaire, purement descriptif, générique et "premier degré", on va dire. Une rivère s'appelle "L'Eau". La colline de Cul-de-Sac se nomme "La Colline". Un pays de vallons verdoyants se nomme "le Pays des Côtes Vertes". Et j'en passe. Alors pourquoi appeler le Comté "la Comté", sinon pour faire joli, donner une touche archaïque qui ne se retrouve pas dans l'original, et qui ne correspond pas au type hobbit - même si on trouve d'autres noms qui se conforment davantage à des toponymes historiques qui nous parlent d'une autre époque. Mais ce n'est pas le cas avec "The Shire". Il y a toutefois "Shirrifs", de la même racine que "Shire", traduit par Connétable, "comte de l'étable" = Comté.

D'autant que ce comté est tout ce qu'il y a de plus anglais, donc rien à voir avec la Franche-Comté, mais tout à voir avec les Shires d'Angleterre.

Par ailleurs, j'attire votre attention sur le message suivant.

Citation :La cohérence pouvait exister aussi avec un consensus de plusieurs auteurs sur la traduction. Lauzon a refusé cette voie(1), et a désormais comme un monopole qui fait table-rase. C'est ce dernier côté que je trouve gênant. Si cela avait été moins révolutionnaire et moins tape-à-l'oeil (de la "Fraternité" de l'Anneau, à "Arpenteur"), on aurait eu moins de braquages de la part de simples lecteurs, car les noms ont évidemment un poids. Lauzon partait certes avec un handicap du fait de l'affectivité due à Ledoux mais il pouvait composer. Il a délibérément joué la carte rupture(2) et le résultat est ce que l'on sait.

Je suis d'accord qu'il fallait une nouvelle traduction, ne serait-ce que du fait que le Silmarillion avait été publié entre-temps. Mais la démarche ne s'y est pas limitée, parce qu'elle était liée à une envie personnelle de refaire la traduction et pas seulement celle de proposer une version cohérente(3).

(1) Lire: Lauzon ne pouvait suivre cette voie, qu'il n'excluait pas lui-même, mais qui a été exclue pour lui.
(2) Lire: Il a dû opérer une certaine rupture.
(3) Lire: une envie personnelle (et une obligation professionnelle) de proposer une meilleure traduction dans tous ses aspects, notamment la cohérence.

p.s. - Cette discussion serait davantage à sa place dans le fuseau SdA (mais on verrait que je répète ici des choses déjà dites plusieurs fois là-bas...).
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Cher Daniel Lauzon,

J'espère qu'il ressort, de mes longs développements sur ce forum, tout le respect et l'estime que j'ai pour votre œuvre de traduction ; et d'ailleurs je ne demande que de vous voir traduire les Contes Perdus, le Silmarillion et les Contes et Légendes Inachevés, et enfin les tomes manquants de l'Histoire de la Terre du Milieu, parce que votre travail me paraît excellent et emporte toute mon admiration (sans que cela me fasse déprécier la traduction de Ledoux, qui a ses charmes propres, lesquelles ressortent d'autant plus évidemment aujourd'hui qu'il y a matière à comparer les traductions).

Il n'en demeure pas moins que je suis un peu ébranlé par votre message, puisque vous écrasez mon intervention par a°) un argument d'autorité (Tolkien souhaitait que...) et b°) un jugement absolument formel et irrévocable (ma proposition "dénaturerait" la création). Or cette intervention n'avait pas pour but de contester vos choix ou de les "améliorer", mais d'essayer de sentir et de faire sentir un certain "parfum" de l'original qu'on ne peut pas retrouver, sous tous ses aspects, dans la traduction.

"Shire" a donc un parfum (je répète à dessein) rural, profondément territorial. Il est clairement ancré dans une tradition anglaise et dans un lien avec le vécu des lieux. "Comté", en français, ne renvoie guère qu'à un découpage administratif, féodal, aujourd'hui dépassé et la plupart du temps entièrement obscurci, et qui n'entretient pas la même intimité avec le territoire. Il me semble que "Pays", au contraire, garde encore cette connotation, et la retranscrit mieux en français, la capture partiellement, car, dans certaines régions rurales du moins, il me semble que ces "pays" ont encore un sens (par exemple, le mot paysan). Il est vrai que je suis normand et les distinctions entre Pays de Caux et Pays de Bray ont tout leur sens là-bas, ce qui biaise peut-être un peu mes perceptions (alors même que je crois que les habitants seraient bien incapables de se référer à un quelconque comté).

Mais donc, pourquoi traduire "Shire" plus spécifiquement par Comté, en mettant l'accent sur l'aspect "démarcation féodale" (de l'Arnor ici en l'occurrence), plutôt que par "Pays", qui met au contraire en avant l'idée d'un territoire dans les limites duquel on circule, caractérisé par une certaine cohésion, par une sorte de communauté de vécu, un territoire enfin très ancré dans le terroir, quelque chose de profondément campagnard, qui fait sens pour ses autochtones qui lui reconnaissent une certaine réalité, une certaine pertinence dans l'organisation de leur espace et dans leur mise en perspective de ce qui est "chez eux" et de ce qui est "ailleurs".

Je ne dis évidemment pas qu'il aurait fallu traduire "Shire" par "Pays" ou que ma proposition est meilleure que quoi que ce soit, simplement, je pense qu'elle permet, dans le cadre très spécifique de ce fuseau de forum que je ne prétends certes pas déborder, de discuter de l’œuvre, de saisir et comme de déplier certaines dimensions du toponyme original que "Comté" laissent voilées, et qu'elle ne mérite donc peut-être pas de se trouver écrasée du talon comme vous le faites sans une once de discussion possible.
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Pour info Smile https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Comt%C3%A9
"L'urgent est fait, l'impossible est en cours, pour les miracles prévoir un délai."
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(05.11.2018, 16:32)Hofnarr Felder a écrit : Or, en français, quelque choix qui soit fait, cette familiarité ne sera pas rendue au même degré, car nous n'avons pas de toponymes de ce type (hormis Franche-Comté, donc).

Outre les nombreux comtés historiques, souvent bien vivants dans la mémoire locale (la plupart des Savoyards, doivent avoir une certaine notion de ce qu'était le comté de Savoie, par exemple), on trouve encore La Comté (tel que), commune française du Pas-de-Calais ou la région naturelle de la Comté, qui entoure Vic-le-Comte (ultime avatar du comté d'Auvergne, en l'occurrence).

Alors certes, il n'y a pas la dimension administrative des shires anglais, mais cela reste assez prégnant. Et — selon moi — utiliser le terme au féminin permettrait mieux de se mettre en relation avec le temps présent, puisque tous les toponymes actuels sont au féminin, alors que le masculin renvoit uniquement à des comtés qui n'ont plus d'existence administrative aujourd'hui. Toutefois, cela reste une question tout à fait mineure à mes yeux, compte tenu qu'il est logique d'hésiter sur le genre grammatical d'un mot épicène.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
La Chanson de Roland
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(06.11.2018, 08:09)Elendil a écrit : Outre les nombreux comtés historiques, souvent bien vivants dans la mémoire locale (la plupart des Savoyards, doivent avoir une certaine notion de ce qu'était le comté de Savoie, par exemple)
Bien que l'accession au duché en 1416 ait noyé ses origines comtales dans la mémoire collective, je confirme que nombre d'entre nous sont encore attachés à cet héritage (nous avons même des partisans de l'indépendance...).
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En fait cela dépend vraiment des régions... Par chez moi ce qui est vraiment mis en avant c'est la notion de "Pays". Quand on me demande où j'habite, je réponds, comme beaucoup d'autres habitants: le Diois. C'est-à-dire le pays de Die. C'est seulement si mon interlocuteur ne situe pas cet espace que je vais évoquer la Drôme (une notion administrative) ou le sud du Vercors (une précision tout à fait géographique). Le Pays c'est autre chose: un terroir, une économie, une manière de vivre... J'ajoute que cette notion de Pays fut mise en avant par les pouvoirs publics puisque au début du XXème siècle, et pour des raisons dont je ne doute pas qu'elles étaient pratiques dans le cadre d'un accroissement de la mobilité, beaucoup de villages se virent accolés un apposé "...-en-Diois". Mais je ne sais pas si cela a ravivé une notion plus ancienne ou l'a créée ex-nihilo.
Dorées les feuilles tombent, mais le rêve se poursuit
Là où l'espoir demeure, les eaux chantent sous la nuit
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(06.11.2018, 13:13)Bergelmir a écrit : Bien que l'accession au duché en 1416 ait noyé ses origines comtales dans la mémoire collective, je confirme que nombre d'entre nous sont encore attachés à cet héritage (nous avons même des partisans de l'indépendance...).

Certes, on en retient souvent le duché, mais les comtes Amédée VI et VII, respectivement surnommés "le Comte Vert" et "le Comte Rouge" font aussi perdurer la mémoire de la période comtale. (Il y a notamment un hôtel-restaurant Le Comte Rouge à Thonon.)

(06.11.2018, 13:24)Faerestel a écrit : En fait cela dépend vraiment des régions... Par chez moi ce qui est vraiment mis en avant c'est la notion de "Pays". Quand on me demande où j'habite, je réponds, comme beaucoup d'autres habitants: le Diois.

Il faut bien dire que le comté de Diois semble avoir eu une existence tout à fait éphémère et intrinsèquement liée à l'évêché de Die. C'est effectivement un cas assez différent.
Rollant est proz e Oliver est sage.
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La Chanson de Roland
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Cher Hofnarr,

Ne vous vexez pas, je n'ai rien voulu écraser, ni vous faire taire. Pas du tout. Ne confondez pas la fin de mon message avec le début.

Je trouve votre idée de "Pays" intéressante et vous la défendez bien. J'imagine très bien ce que donnerait "Pays" dans le texte du Seigneur des Anneaux et je dois dire que cela me plaît. Cela dit, il risquerait d'y avoir des redondances et des problèmes, car "land" qui se traduit aussi par pays, est souvent employé concomitamment, dans le texte. Mais puisque nous sommes dans le domaine de l'hypothèse et de l'expérimentation !

Tout ce que je voulais dire, c'est que si l'idée est bonne, elle entre tout de même en conflit avec ce que je connais de la volonté de l'auteur. Alors qu'il n'est pas nécessaire d'aller si loin ; à moins qu'il soit démontré hors de tout doute que Comté ne convient pas, ce qui à mon avis reste à faire.

Bien cordialement
Daniel
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Cher Daniel Lauzon,

Je vous remercie pour votre réponse, encourageante ! Ravi de voir que l'idée vous plaît finalement, le temps d'une discussion pour jouer avec un moment sur le fuseau (je ne la conçois pas autrement). Je suis assez conscient que "le Pays" susciterait bien des problèmes (je n'avais même pas songé à "land"...) mais il s'agissait effectivement d'une expérimentation.

Grand merci à vous pour ce retour !
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Il n'y a pas de quoi.

Au final, cette discussion sur un point de détail tend à montrer, je pense, ce qui a déjà été avancé : que Ledoux a fait preuve d'une certaine volonté de "faciliter" l'oeuvre auprès des lecteurs, afin qu'elle ne soit pas rejetée par l'autre culture (et on peut dire qu'il y a réussi). Quant à moi, peu soucieux de lui donner des lettres de noblesse qu'elle possédait déjà, j'ai pu me concentrer sur sa substantifique moëlle, troublant ainsi, il va sans dire, une certaine image que la première traduction avait donnée de cette œuvre.
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Pour l'anecdote, je cite ici une revue de la traduction française du Hobbit par Ledoux, que David Doughan avait jadis publiée dans Quettar en 1988. Pas le temps de traduire immédiatement, mais je le ferai par la suite si personne ne se lance. Je reproduis la typographie tel quel :

David Doughan a écrit :Le hobbit français has a slight tendency to paunchiness, and a vague similarity to M. Hulôt (at least in the ‘Livre de Poche’ edition). The translation is generally satisfactory, albeit with few reasons for specific pleasure. Equally, however, unintentional causes of mirth are few. Les Elfes legers is surely the wrong kind of ‘light’ (= low calorie, high fibre), and to translate “goblins” as Gobelins (a tapestry-making family) smacks of perversity — Le Grand Gobelin sounds less like a fearsome Orc than a Versailles wall-hanging. The fact that the French for ‘dwarf’ is nain seems neither to help nor hinder. The vers translation are generally perfunctory, without metre or rhyme (very un-French), with the exception of ‘Far over the Misty Mountains cold’, which sounds almost like unrhymed Baudelaire — an interesting effect, though surely scarcely what JRRT intended. The sharp cultural differences keep breathing through... still, in general, it's a good translation.

NB : C'est de cette critique qu'avait été extrait le bref commentaire sur la traduction française qui est paru dans le Hobbit annoté, p. 451–452.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
La Chanson de Roland
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C'est vraiment très amusant ! Merci pour ce partage !
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J'ai remarqué à la librairie de la BnF que l'édition du Hobbit illustré par Alan Lee a désormais sa première de couverture irisée. L'effet est assez joli bien que cela donne un aspect plus sombre.
"L'urgent est fait, l'impossible est en cours, pour les miracles prévoir un délai."
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