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Un poème pour Maglor - Version imprimable

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Un poème pour Maglor - Arcadius - 25.10.2007

La belle des champs arrive toujours en grand train : elle défait son agrafe pour aller librement dans les herbes, là où les fleurs caressent les pieds nus des enfants. Ils aiment venir jouer dans ces places de silences, emplies de cris de joie, d’émerveillement, ils sont malades de leur gentillesse et ne savent que dire face à la fleur des champs tant elle reste simple, offerte humblement de la terre, elle-même heureuse ainsi. Qu’y avait-il à dire sinon l’amour à conter aux jeunes esprits qui ne le croient jamais lorsqu’on leur dit la vérité, mais le mensonge ne peut que sortir de leurs bouches unanimes, et que dire pour tant de simples enfants si proches de la terre, de cette fleur ? Le poète qui parle, allongé dans ce champ leur apprend que les fleurs montent et meurent, car c’est là leur réalité, ne voulant rien d’autre. Et les églises au clocher sonore de litanies montrent aussi la vérité des choses simples, s’offrant d’elles-mêmes : Dieu ne pouvait pas parler contre le courant car il l’animait fort et aimait ces enfants. Cependant qu’une croix s’élevait haute, brûlée comme un condamné hurlant, le chercheur d’or parcourait la surface du globe comme une petite fille qui perd ses parents dans les bois.

« Que fais-tu là, ma petite ? » demandait le poète.

« J’habite ma maison. » disait-elle aussi simplement.

Et le poète l’amenait près de lui, attirant l’oreille de ses sons calmes, il aimait la petite fille.

« Oh, je t’en prie, aime-moi ? » remuait-elle dans ses yeux pleins de larmes précoces.

Et le poète ne savait continuer son chant d’amour car il aimait la petite fille, mais il voyait bien que l’eau les séparait déjà, arrangeant chaque fleur sinon un nuage de perce. Comme il la tenait dans ses bras, la petite fille ne comprenait pas qu’il ne puisse approcher son regard de ses cheveux ; il passait grand pour l’horizon et flattait la rosée nocturne mais il était incapable de la voir. Si ses orbites sombres et tactiles bordaient le fleuve des songes, elle ne pouvait en apercevoir la fin pourtant si proche.

« Je ne peux t’aimer : je ne sais pas aimer. » dit-il alors, comme un grand mot qui clôt les paupières des enfants malades le soir tard dans leur lit chauds. Et la petite se pressait toujours plus fort contre lui ; la montée des rouges du lointain ne tardait plus comme la pluie des orages grondant.

Les pleurs passèrent sur la moisson des blés et la paille humide fécondait encore les abreuvoirs nus et rouillés de souvenirs. Si l’on avait retrouvé la petite fille, on l’aurait alors grondé comme l’enfant qui farce dans les champs se cache sous la feuille des vignes taillées et préparées. Mais on ne pouvait rien dire sinon pleurer la déception poétique qu’un jour amène devant nous, offerte à tous les regards et rougit de lassitude. Non, petite, personne ne te grondera car le poète n’est pas l’homme du temps et ne parle pas aux inconnus : il fléchit il est vrai mais tu ne pouvais comprendre l’attirance des feux sombres de son œil humide d’inspiration. Coule encore tes larmes car la vie ne fait jamais que renaître de ses fonds bas et inconnus. N’appelle plus celui qui ne porte pas de nom.