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Alors que je prépare une campagne JDR ayant pour cadre le sud-ouest du Gondor en 3A 1449, je butte sur des points délicats à interpréter. J'ai lu les différents essais sur la question, fait mes propres recherches et j'arrive à ces citations de Gandalf.
Pour la première (SdA L2, IV p : 337) « Je connaissais jadis toutes les incantations usitées à pareille fin dans toutes les langues des Elfes, des Hommes ou des Orques » j'ai hésité sur incantations (quelle est la vo?) que j'associe à une magie de type « Donjon et Dragons ». Il me semble qu'ici incantations signifie en fait mots de passe. Ce qui voudrait dire que Gandalf, de par ses fréquentations, connaît les forgerons/artisans/serruriers et leurs méthodes de travail, suffisamment pour avoir appris ou deviné les mots de passe qu'ils employaient.
Ses liens avec Galadriel lui permettent de connaître les traditions des forgerons de l'Eregion de la grande époque de Celebrimbor et Narvi (j'ai quand même un doute sur sa connaissance des forgerons orques)
La deuxième (SdA L2, V p:358 ) « Je n'ai imaginé rien d'autre que de jeter un sort de fermeture sur la porte. J'en connais de nombreuses formules ; mais l'exécution correcte de ce genre de chose demande du temps, et même alors la porte peut être brisée par la force...il me fallu prononcer un mot de commandement...» est à la fois plus claire et plus difficile à interpréter. Aucun des compagnons de Gandalf ne réagit à ces mots. Cela veut-il dire que les sortilèges de fermeture de portes sont si courants en Terre du milieu qu'ils n'étonnent même pas des hobbits ? Il existerait ainsi de nombreux magiciens utilisant ces sortilèges ? Pourtant à ma connaissance, Tolkien n'évoque nulle part ailleurs cette forme de magie (qu'il n'apprécie pas).
Deuxième hypothèse : cette forme de magie est propre aux Valar et Maiar, humains et hobbits ne la maîtrisent pas. Les compagnons sont trop étonnés pour réagir. Mais Gandalf d'habitude voile sa puissance et ne se dévoile pas de manière aussi légère ?
Il est vrai que les événements historiques des premier et second ages sont devenus par l'éloignement temporel des légendes pour humains et hobbits. Légendes qui baignent dans le merveilleux : par exemple dragons (SdA L1, I) « Il est fou des histoires de l'ancien temps...Des Elfes et des Dragons...Des nains qui viennent la nuit et ce vieux magicien », mais rien qui ressemble à des sorts de fermeture de porte.
Tolkien (cf HoME de Christopher; pourquoi deux elfes portent-ils le nom de Glorfindel?) interroge sans cesse la cohérence interne de son œuvre. Si jeter des sorts n'étonne personne (SdA L3, V p:533) « C'est Saroumane. Ne le laisse pas parler ou nous jeter un sort ! Tire avant ! » (SdA L1, II) « Ne le laissez pas me transformer en quelque chose de pas naturel...J'espère que Gandalf te transformera en crapaud tacheté » qu'est ce à dire ? Que les magiciens de type d&d sont ou ont été nombreux et connus ? Qu'en pensez vous?
Personnellement, à partir de mes recherches pour ma campagne, j'ai imaginé un Oriental (terme fourre tout désignant un humain venant de l'est), faisant partie dans sa région d'un groupe qualifié de ceux qui voulaient rester libres (SIL Les anneaux de pouvoir et le troisième age p:286). Au contact des mages bleus (HoME 12, XII, the five wizards p:385) « the other two came much earlier...their task was to bring help to few tribes of Men that had rebelled from Melkor-worship... » « les deux autres vinrent beaucoup plus tôt...ils devaient apporter de l'aide aux quelques tribus d'Hommes qui s'étaient rebellés contre le culte de Melkor... » et [CLI 4,II note 3] « ...ils furent mandés...à l'est...je crains qu'ils échouèrent...fondateurs et instigateurs de cultes secrets et de traditions magiques » il est devenu magicien mais s'est tourné vers l'ouest comme bien longtemps avant Bëor Hador et Haleth.
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29.05.2014, 14:39
(Modification du message : 29.05.2014, 15:48 par Tikidiki.)
De ce qu'on sait:
Non, il n'y a pas d'autre magicien connu des Hommes. Le "culte magique" (" 'magic' traditions", avec bien des guillemets pour "magic") des Mages Bleus n'engage à rien; à partir du moment où Gandalf est connu des Hommes et Hobbits comme étant un "magicien", il n'y a pas à s'étonner qu'ils s'attendent à un sort de sa part, ce qui ne signifie pas que la magie était "courante".
D'autre part, l'idée de la magie qu'ont les mortels est particulière. Les elfes n'entendent pas vraiment ce que "magique" veut dire (SdA II, 7, 10: "C'est là ce que vous appelleriez magie, je pense"; "Je ne sais pas ce que vous entendez par là [par magique]"). Il s'agit d'un terme fourre-tout qui trahit l'impuissance des mortels et du lecteur. Ainsi, on entend parler d'abord des anneaux magiques avant de savoir qu'on les appelle Anneaux de Pouvoir.
De fait, le terme de "pouvoir" et de "puissance" est plus approprié, et attaché à ceux qui de fait manient la magie. Les Valaraukar ou Démons de Puissance, les Valar ou Puissances, etc. Le pouvoir qu'ils possèdent est toujours limité, et ne constitue en fait qu'une extension de la personnalité. Saroumane a sa "voix magique", Gandalf réchauffe les coeurs grâce à Narya. Les "effets spéciaux" des sorts n'existent pas: le mot contre le Balrog n'a pas d'effet visible. On ne les attend que parce qu'on est dans l'ignorance. Or il s'agit d'Ainur dans tous les cas, et s'attendre à voir de la "magie" utilisée par un Oriental relèverait donc d'un double non-sens...
Ce que tu peux utiliser:
Il y a des failles par où entrer. Le nombre des Istari est sujet à discussion (CLI3; Istari); certains mortels ont appris à user de la magie par Sauron: Le Roi-Sorcier, la Bouche de Sauron, et nombre d'autres ("Les nécromanciens sont l'armée de Sauron, serviteur de Morgoth". "Il est dit que Sauron faisait ces choses, et les enseigna à ces disciples, HoME 10, Lois et Coutumes parmi les Eldar). Quant à les faire devenir "magiciens" au pied de la lettre, je pense que c'est une erreur. Le Roi-Sorcier l'était aussi parce qu'il possédait un anneau.
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(29.05.2014, 14:39)Tikidiki a écrit : Gandalf réchauffe les coeurs grâce à Narya. Les "effets spéciaux" des sorts n'existent pas: le mot contre le Balrog n'a pas d'effet visible
Certes, Gandalf réchauffe les coeurs. Mais il ferme les portes magiquement, au moyen d'une longue procédure: j'appelle ça un "effet spécial" qui me fait plus penser à D&D (mais il est vrai que la magie de D&D s'inspire de J. Vance, qui écrit Cugel après le SdA).
Quand tu dis "le mot...n'a pas d'effet visible", de quoi parles-tu ?
Le mot de commandement pour fermer la porte, le choc des deux volontés et le plafond s'écroule. ça, c'est visible!
Ma création d'un magicien oriental peut paraître fragile. Si Sauron peut donner des pouvoirs magiques à des hommes (avec un anneau), pourquoi les Bleus (de même nature) ne le pourraient-ils pas (avec un bâton) ? Je sais que ce cadeau est un cadeau empoisonné: il va corrompre les humains. On ne donne pas un tel pouvoir aux hommes, c'est une des raisons pour lesquelles les Bleus ont échoué. Pour que ça se tienne, il faut que mon magicien oriental, utilisant la magie au contact de la sagesse des hommes de l'ouest découvre sa perversité et s'en débarrasse. Sinon il finira nécromancien au service de Sauron.
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Je précise immédiatement que tout ce qui suit est nécessairement mon point de vue personnel, présenté de façon simplifié. Un long essai serait nécessaire pour cerner le sujet plus complètement.
(29.05.2014, 14:39)Tikidiki a écrit : Non, il n'y a pas d'autre magicien connu des Hommes. Le "culte magique" (" 'magic' traditions", avec bien des guillemets pour "magic") des Mages Bleus n'engage à rien; à partir du moment où Gandalf est connu des Hommes et Hobbits comme étant un "magicien", il n'y a pas à s'étonner qu'ils s'attendent à un sort de sa part, ce qui ne signifie pas que la magie était "courante".
Courante, sûrement pas, mais pas non plus réservée aux Valar et aux Maiar. Lúthien (demi-maia, certes) est capable de changer totalement d'apparence en utilisant la dépouille d'un ennemi, de détruire une forteresse, d'allonger ses cheveux au moyen d'un chant, etc. Galadriel (avec l'aide d'un Anneau, il est vrai) fournit une poudre magique qui accélère la croissance végétale, protège sa terre et rend possible la pousse des mellyrn ; elle est aussi capable de détruire magiquement les fondation de Dol Guldur après la guerre, peut-être en accélérant la pousse des arbres. On peut encore rajouter Finrod, capable de se lancer dans un duel magique avec Sauron et de lui résister un bon moment. Sans parler d'Aragorn, doté d'un pouvoir de guérison et de conviction extraordinaire (il peut seul dompter les chevaux de la Compagnie Grise pour les forcer à entrer dans les Chemins des Morts). Rajoutons encore les portes magiques du Royaume Sylvestre, d'Erebor et de la Moria, les Palantíri, sans oublier les jouets magiques du Val et cela fait aussi un certain nombre d'enchanteurs d'objets.
Maintenant, qu'est-ce que la magie chez Tolkien ? Assurément, c'est d'abord une extension de la puissance intérieure de chaque personnage. À ce titre, ce qu'on appelle magie peut s'exercer de façon purement mentale, même s'il semble que la parole ou le chant renforce l'effets, oit en facilitant la concentration, soit en focalisant le pouvoir sur un objet et un effet particulier. Les objets utilisés par les magiciens (Anneaux de Pouvoir, bâtons, miroir de Galadriel...) semblent aussi servir à renforcer ou à focaliser ces pouvoirs à un endroit précis. Certains objets semblent naturellement en phase avec leur possesseur : il semble que le Miroir de Galadriel ne fonctionne qu'en sa présence. De même, il est peu probable que quelqu'un d'autre que son possesseur puisse utiliser le bâton d'un des Cinq Magiciens ou que ledit bâton conserve son pouvoir après la disparition de son possesseur — maintenant, dans un jeu de rôle et en l'absence d'indications spécifiques de Tolkien, tout est possible.
Les objets intrinsèquement magiques (Anneaux de Pouvoir, Palantíri) semblent fonctionner de la même manière, mais avec un pouvoir amplificateur tellement important qu'ils suffisent à activer le germe de pouvoir surnaturel qui se dissimule en chaque être intelligent. De fait, le Palantir reste parfaitement inactif tant qu'il n'est pas manipulé par quelqu'un qui projette sa volonté vers lui pour comprendre son fonctionnement. Pareil pour les Anneaux de Pouvoir. Il faut donc supposer que le créateur de l'objet a versé dans celui-ci une part de ses pouvoirs natifs (comme Sauron avec l'Anneau) de manière à s'en servir ultérieurement sans effort ou à volontairement partager son pouvoir avec d'autres.
(29.05.2014, 14:39)Tikidiki a écrit : Il y a des failles par où entrer. Le nombre des Istari est sujet à discussion (CLI3; Istari); certains mortels ont appris à user de la magie par Sauron: Le Roi-Sorcier, la Bouche de Sauron, et nombre d'autres ("Les nécromanciens sont l'armée de Sauron, serviteur de Morgoth". "Il est dit que Sauron faisait ces choses, et les enseigna à ces disciples, HoME 10, Lois et Coutumes parmi les Eldar). Quant à les faire devenir "magiciens" au pied de la lettre, je pense que c'est une erreur. Le Roi-Sorcier l'était aussi parce qu'il possédait un anneau.
Tikidiki a raison sur plusieurs points : si on connaît le nom des Cinq Magiciens, il est sous-entendu qu'il pourrait y avoir d'autres Istari, moins puissants et subordonnés aux Cinq. Il est même envisagé que Glorfindel puisse être l'un d'entre eux. Par ailleurs, Sauron a effectivement partagé des bribes de sa connaissance avec d'autres, notablement la Bouche de Sauron, qui semble dotée de réels pouvoirs, si l'on en juge par l'apparence de sa monture. Je rajouterais aussi que les forgerons d'Erebor avaient créés des Anneaux mineurs avant de créer les Anneaux de Pouvoir. Malgré leur moindre puissance, Gandalf les juge périlleux pour les Mortels : on peut envisager un anneau qui n'allongerait guère la durée de vie, mais augmenterait tout de même les pouvoirs natifs d'un homme, de manière à lui donner des aptitudes d'apparence surnaturelle. Avec un peu de manipulation de son entourage et quelques dons de prestidigitation, voici un excellent magicien potentiel.
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30.05.2014, 22:17
(Modification du message : 30.05.2014, 22:25 par Tikidiki.)
(29.05.2014, 19:46)sam sanglebuc a écrit : Quand tu dis "le mot...n'a pas d'effet visible", de quoi parles-tu ?
Le mot de commandement pour fermer la porte, le choc des deux volontés et le plafond s'écroule. ça, c'est visible!
Plus ou moins. Je veux dire que le bâton ne jette pas d'étincelles à ce moment-là, et que le mot semble être la seule partie émergée de la "magie". Gandalf parle de formules en VF, sorts (spell) en VO, et du fameux "word of Command". Les deux requièrent du temps, de l'énergie, de l'application, en somme une force davantage humaine que proprement magique. Dans ce processus, le mot, le verbe, est la clef.
D'ailleurs, les deux grands duels de magiciens dans le SdA, Gandalf contre le Balrog et contre le Roi-Sorcier, sont structurés autour du verbe seul, l'action étant plutôt en marge de l'affrontement. C'est le verbe essentiellement qui est le pouvoir et qui fait le combat: dans les deux cas, qui semblent fonctionner sur le même modèle, Gandalf décline son identité, celle de son ennemi, et cherche ainsi à l'atteindre.
Ce n'est pas anodin, puisque le monde d'Eä a été créé par la parole et par le chant. Lùthien, Finrod et Saroumane se battent par leur chant ou leur Voix parce que les mots constituent comme le prolongement de leur puissance: et les mots seraient comme la charpente d'Eä.
Je pense donc (mais tout comme Elendil, c'est très personnel), qu'il y a là dans les combats de Gandalf pas seulement un usage du mot esthétique ou sentimental (Gandalf se présentant comme étant un chevalier blanc contre le Mal, etc.) mais bien un rouage de la "magie": comme Finrod et Sauron combattant par chants interposés, Gandalf fait un assaut magique par ses paroles. Or cet assaut n'est pas vraiment suivi d'effet, il s'agit surtout d'un affrontement de volontés dont les mots constituent le seul témoin.
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Comme mon point de départ était l'écriture d'un scénario jdr, je voulais donner du merveilleux à mes joueurs, et donc un magicien. J'ai donc dans un premier temps chercher à justifier, maladroitement, l'existence d'un magicien humain, semblable à ceux de D&D. Après réflexion, et avant de lire la réponse d'Elendil, j'ai écrit le texte suivant:
Les Bleus et quelques Istari mineurs (1) ont étés envoyés dans l'est aider les peuples dans leur lutte contre Sauron (2). Mais ils ont échoué. Au lieu de seulement encourager et réchauffer les cœurs comme Gandalf ils ont pris les choses en main.
Alors que les Bleus ont seulement installé des traditions 'magiques' (3), les autres sont allés plus loin. Ils ont créé un sous-ordre de magiciens humains pour mener la rébellion (4). Usant de leur propre pouvoir de Maia (5), ils ont offert à ces hommes des bâtons, comme Sauron a donné des anneaux aux nazguls. Leurs intentions étaient bonnes au départ, mais le pouvoir de la 'magie ' est un cadeau empoisonné pour les humains. La plupart de ces humains a suivi le chemin de Sarumane : intention de départ bonne mais moyens pervertis. Ils ont fini nécromanciens au service de Sauron. Cependant, quelques clans, accompagnés de leur magicien, ont marché sur les traces de la légende (6); comme Bëor, Hador et Haleth ils ont trouvé le chemin de l'ouest. Là, au contact de la sagesse des elfes et des descendants humains de Luthien, ils ont pris conscience du péril qu'est ce bâton.
Dans le cadre de ma campagne ils vont devoir faire un choix difficile : garder le bâton, devenir de puissants alliés des Gondoriens qui les ont accueillis et continuer en connaissance de cause leur chemin de ruine ou abandonner ce pouvoir et lutter avec leurs simples mais nobles forces humaines.
Ainsi, un de mes joueurs pourra incarner un humain magicien, mais pour un temps relativement court.
(1) [CLI 4, II] « de cet Ordre, on ignore le nombre ; mais ils étaient cinq de leurs chefs »
(2) [CLI 4, II] « ils devaient venir parmi les hommes sous des dehors de faiblesse et d'humilité, avec mission de conseiller et persuader de faire le Bien »
(3) [CLI 4, II, note 3] « mais je crains qu'ils échouèrent, comme échoue Sarumane, quoique de manière différente ; et je soupçonne qu'ils furent les fondateurs et les instigateurs de cultes secrets et de traditions 'magiques' »
(4) (HoME 12, XII, the five wizards p:385) « their task was to bring help to few tribes of Men that had rebelled from Melkor-worship... » « ils devaient apporter de l'aide aux quelques tribus d'Hommes qui s'étaient rebellés contre le culte de Melkor... »
(5) [CLI 4, II] « il leur fut fait interdiction de chercher à influer sur les volontés des Hommes par ostentation de pouvoir »
(6) [SIL Les anneaux de pouvoir et le troisième age p: 286] « ceux qui voulaient rester libres »
De manière surprenante, l'insertion d'un magicien cohérent dans ma campagne entraîne une deuxième intrigue que je n'avais pas prévue: aller se débarrasser d'un objet magique! (ça ne vous rappelle pas quelque chose?)
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Si tu sautes par-dessus la réponse d'Elendil (et la mienne par rapport au culte "magique"), je ne vois pas trop ce qu'on peut faire de plus que se redire...
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(30.05.2014, 08:03)Elendil a écrit : Courante, sûrement pas, mais pas non plus réservée aux Valar et aux Maiar. Lúthien (demi-maia, certes) est capable de changer totalement d'apparence en utilisant la dépouille d'un ennemi. Finrod fait de même (certes sa compagnie se vête d'uniformes Orques mais il utilise aussi un sortilège) et étant purement Elfe c'est une preuve de plus que la magie n'est pas réservé aux Maiar ou à leurs enfants.
(30.05.2014, 08:03)Elendil a écrit : Sans parler d'Aragorn, doté d'un pouvoir de guérison et de conviction extraordinaire (il peut seul dompter les chevaux de la Compagnie Grise pour les forcer à entrer dans les Chemins des Morts). Je ne pense pas que ce soit ainsi qu'il faut le lire :
- Aragorn peut convaincre les hommes de le suivre partout ce qui incontestablement une forme de pouvoir (magique ou non).
- Les chevaux des Rôdeurs acceptent de les porter dans les Chemins des Morts par amour pour leur cavalier (la preuve étant qu'Arod refuse de suivre et que Legolas doit l'apaiser par le chant... encore une forme de "magie" ?)
(30.05.2014, 08:03)Elendil a écrit : De même, il est peu probable que quelqu'un d'autre que son possesseur puisse utiliser le bâton d'un des Cinq Magiciens ou que ledit bâton conserve son pouvoir après la disparition de son possesseur — maintenant, dans un jeu de rôle et en l'absence d'indications spécifiques de Tolkien, tout est possible. Saruman pense que Gandalf convoite (ou pourrait convoiter) "les baguettes des cinq magiciens" il n'est donc pas impossible que ça puisse avoir un intérêt (ne serait-ce que pour la collection :p ). Et puis les Anneaux de pouvoir ne sont pas dépendants d'un porteur il n'y a donc pas de raison que les bâtons le soient.
(30.05.2014, 22:17)Tikidiki a écrit : Je pense donc (mais tout comme Elendil, c'est très personnel), qu'il y a là dans les combats de Gandalf pas seulement un usage du mot esthétique ou sentimental (Gandalf se présentant comme étant un chevalier blanc contre le Mal, etc.) mais bien un rouage de la "magie": comme Finrod et Sauron combattant par chants interposés, Gandalf fait un assaut magique par ses paroles. Or cet assaut n'est pas vraiment suivi d'effet, il s'agit surtout d'un affrontement de volontés dont les mots constituent le seul témoin. D'ailleurs même le thème du mot lié à une structure est récurrent (la Tour de Taul-in-Gauroth où Luthien a besoin d'un sort connu du seul Sauron pour être détruite aussi), il serait intéressant d'en faire une liste complète.
Autre usage de la magie auquel je pense : les Nains établissent une protection magique sur le trésor des Trolls qu'ils abandonnent derrière eux.
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(31.05.2014, 17:28)Peredhil a écrit : Je ne pense pas que ce soit ainsi qu'il faut le lire :
- Aragorn peut convaincre les hommes de le suivre partout ce qui incontestablement une forme de pouvoir (magique ou non).
- Les chevaux des Rôdeurs acceptent de les porter dans les Chemins des Morts par amour pour leur cavalier (la preuve étant qu'Arod refuse de suivre et que Legolas doit l'apaiser par le chant... encore une forme de "magie" ?)
Effectivement, c'est plus probablement encore cela. Toujours à propos d'Aragorn et de son ancêtre Isildur, la fameuse malédiction des Morts, que seul Aragorn peut lever, est l'un des passages les plus ouvertement magiques du SdA.
(31.05.2014, 17:28)Peredhil a écrit : Saruman pense que Gandalf convoite (ou pourrait convoiter) "les baguettes des cinq magiciens" il n'est donc pas impossible que ça puisse avoir un intérêt (ne serait-ce que pour la collection :p ). Et puis les Anneaux de pouvoir ne sont pas dépendants d'un porteur il n'y a donc pas de raison que les bâtons le soient.
Dans la mesure où ce passage du discours de Saruman est dans une liste où sont mentionnées les Clefs de Barad-dûr et les couronnes de sept rois, cela semble plus symbolique que fonctionnel.
De plus, si le bâton de Gandalf avait été d'un intérêt quelconque pour Saruman, il me semble qu'il le lui aurait confisqué lorsqu'il l'emprisonna à Orthanc (exactement comme chez PJ). Or ce n'est pas le cas, puisque Gandalf s'échappe en l'absence de Saruman et qu'il possède toujours son bâton au Conseil d'Elrond et par la suite. À supposer même que Gandalf ait pu se refaire un bâton à Imladris, il aurait eu de bonnes raisons de s'inquiéter d'un bâton de rechange resté à Orthanc après qu'il a brisé celui de Saruman. Or ce n'est pas le cas. D'ailleurs, quand Gandalf et les Hobbits rattrapent Saruman en remontant vers le Nord à la fin de la guerre, Saruman s'appuie sur « un bâton » sans particularité notable, pas sur l'ancien bâton de Gandalf.
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Il semble clair que les bâtons ne sont pas la source du pouvoir. On a vu que d'autres que les Istari pouvaient enchanter; Saroumane n'est pas démuni sans son bâton et conserve le pouvoir de sa Voix.
Je verrais plus le bâton comme un élément de reconnaissance des membres de l'Ordre; et un symbole de leur tâche: le labeur, par le fait éminemment visible qu'ils sont sensibles à la fatigue qu'il procure, la nature de pèlerin qu'impose leur mission. En somme, leur sujétion davantage que leur pouvoir: conserver ce bâton signifie donc rester dans le chemin tracé par les Valar, raison pour laquelle celui de Saroumane est brisé. Je ne pense pas non plus que le bâton ait le pouvoir de soutenir magiquement son porteur, car ce rôle est échu à Narya.
Cependant, l'on remarquera que seul Gandalf semble porter un bâton dans la description des Istari au début du chapitre consacré dans les CLI: "et il s'appuyait sur un bâton". Or le surnom Gandalf, "l'Elfe au bâton" implique, selon le radical gandr, un bâton magique (toujours CLI3, dernières pages).
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J'ajoute une réflexion que je viens de me faire: l'aspect christique du pèlerinage de Gandalf semble éminemment suggéré par une phrase des CLI: "C'est donc seulement en consentant librement à souffrir les misères de l'exil et les noires perfidies de Sauron qu'ils avaient l'espoir de porter remède aux maux de l'époque". ("Thus by enduring of free will the pangs of exile and the deceits of Sauron they might redress the evils of that time" UT3)
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