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Version complète : Quel aspect de la vie de Tolkien contribue le plus à vous faire apprécier son œuvre ?
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Quel aspect de la vie de J. R. R. Tolkien contribue le plus à vous faire comprendre et apprécier son œuvre ?

Merci pour vos réponses. Wink

Cordialement,

Hyarion.
Pas de propositions sur l'amour de la nature ?
(21.11.2014, 21:07)Naïn a écrit : [ -> ]Pas de propositions sur l'amour de la nature ?

Hélas non, et je m'en excuse (vu que j'ai dû préparer le sondage seul)...

Le rapport de Tolkien à la nature a évidemment son importance, en effet. Il a été certainement conditionné notamment par son enfance puis son vécu de la Première Guerre Mondiale, entre autres, et son amour de la nature transparait du reste clairement dans ses travaux de peintre et d'illustrateur tout autant que dans ses textes, mais cela aurait en tout cas sans doute mérité une proposition spécifique.

Je ne sais pas s'il est possible de corriger exceptionnellement un sondage après coup : ce serait bien si c'était le cas...

Cordialement,

Hyarion.
Voilà, sondage mis à jour.
Merci, Druss.
Il y a vingt cinq ans, à ma première lecture du SdA, j'ai tout de suite accroché, mais je ne saurais plus dire pourquoi. Aujourd'hui j'aurais aimé mettre deux réponses à égalité: la religion chrétienne (mon vote) et sa vie de famille (en particulier le peu que je connaît de sa relation avec son épouse, ce qui dans le sacrement de mariage est lié avec sa relation aux autres)
Pour ma part, la vie de Tolkien n'occupe pas de place substantielle a priori dans l'appréciation que j'ai de son oeuvre. C'est d'ailleurs le cas pour tous les auteurs que je lis ainsi que pour tous les artistes dont je découvre les oeuvres de manière générale. Pour étudier l'oeuvre, c'est une autre histoire, car déformation professionnelle oblige, je suis convaincu que le contexte est primordial pour appréhender tout objet d'études quelqu'il soit. Néanmoins, quand il s'agit de la littérature du grand auteur qui nous rassemble, si je lis avec intérêt les études faites par autrui, je préfère me cantonner à titre personnel dans la délectation du merveilleux, comme d'autres savourent des grands crus classés.

J'ai bien conscience de répondre à côté de la question proprement dite (qui me semble tel que je la comprends postuler un questionnement a posteriori, les éléments biographiques étant vu dans ce contexte comme des moyens d'éclairer rétrospectivement l'oeuvre) mais ce préambule me semblait important avant de répondre à la question proprement dite.

Les deux éléments biographiques qui m'ont fait me plonger davantage encore dans l'univers de Tolkien que je ne l'étais déjà après ma lecture sont:

- sa passion pour les langues, son don pour la philologie. Etant moi même un estropié dans ce domaine, je reste fasciné par cet homme créant un univers, un contexte pour que des peuples puissent parler les différents langages qui hantaient son imaginaire.

- son rapport à la nature. C'est cela que j'ai choisi de mettre dans le sondage (il fallait bien choisir une occurrence unique) car son rapport aux langues ne m'a pas tellement surpris quand je l'ai découvert et ne m'a donc pas apporter un nouvel éclairage (car je le connaissais déjà). Son adoration pour les arbres en revanche a fait prendre un sens nouveau à ma lecture.
Personne n'osera proposer "son rapport à l'herbe à pipe" ? Mr. Green

Blague à part, j'ai toujours trouvé très singulière l'incidente sur l'herbe au début de l'introduction du SdA, au milieu d'éléments qui vont se révéler d'une importance tout autre pour la narration.

Plus sérieusement, je propose d'ajouter en possibilité "son rapport à l'Angleterre". L'attachement à son pays, son histoire et ses histoires est un élément important de sa personnalité et fut un élément moteur de la conception du Légendaire, au moins dans les premiers temps.

Bon, j'ai quand même voté langues et philologie.
Est-ce que ça n'entre pas déjà plus ou moins dans la proposition sur l'histoire et la politique ?
Lorsque j'ai découvert Tolkien lors de la sortie du premier film du SdA par PJ, je m'étais plongée immédiatement dans la lecture du SdA. sans pouvoir décrocher avant d'avoir terminé les trois bouquins.

La fascination avait été totale: les descriptions précises et imagées des paysages, le sujet hors du commun de cette œuvre, la présence de personnages attachants, des elfes, et du peuple des Edain dont serait issu les hommes. J'avais adoré, et la fascination perdure, tous les noms aux consonances extraordinaires auxquels Tolkien a pris tant de soin à inventer. Etc...

Mais, en tout premier lieu, et encore aujourd'hui, la profondeur de ce monde que Tolkien fait remonter jusqu'à ses origines, me touche comme jamais une œuvre ne l'a fait auparavant. C'est donc son rapport à la mythologie, d'où découle toute son œuvre, qui m'attache à cet univers et me permet de mieux comprendre l'écrivain et son œuvre.
Citation :Est-ce que ça n'entre pas déjà plus ou moins dans la proposition sur l'histoire et la politique ?

L'histoire, si l'on veut. J''aurais quand même du mal à qualifier sans précaution son projet de "mythologie pour l'Angleterre" de politique - même si l'attachement à son pays prend un sens politique, si l'on entend le terme au sens très large.

Je pensais à un rapport beaucoup plus affectif que ce que me suggèrent les mots "histoire" et "politique". Mais c'est sans doute l'air désabusé de notre temps qui touche ma compréhension de ces mots ; l'expérience montre au contraire que ce sont des lieux de déchaînement de passions.
A mon avis, tous les différents sujets sont interconnectés dans leur influence sur l'oeuvre. Par exemple, le rapport aux langues est à mon sens fortement lié au projet "mythologique", même si je ne me hasarderai pas à le qualifier.

Il est vrai que le rapport à l'herbe à pipe est primordial aussi: mais attention à ne pas fumer de l'herbe de prairie non plus!
(25.11.2014, 14:06)Baradon a écrit : [ -> ]Il est vrai que le rapport à l'herbe à pipe est primordial aussi: mais attention à ne pas fumer de l'herbe de prairie non plus!

Il y a au moins trois herbes fumables dans nos paysages naturels europeens. L' armoise (aussi appelée "tabac de Saint Pierre") , le tussilage, et la sauge (bonne pour se désintoxiquer du tabac)...
Je ne m'avancerai pas sur la question philologique que je ne maîtrise pas assez.

Ce qui est admirable dans l'oeuvre de Tolkien (je parle surtout du seigneur des Anneaux qui est le plus abouti selon moi, le plus accessible et là où on comprend mieux ces thèmes de prédilection), c'est l'espoir qu'il place en l'homme, -malgré toutes les épreuves qu'il a rencontré lui-même dans sa vie- et qui auraient fait de plus d'un un mysanthrope absolu.

Cette confiance en notre capacité de nous dépasser, notre ténacité, notre intelligence à pouvoir mettre en question les sources d'aliénation (argent, POUVOIR, technologies), à pouvoir triompher d'épreuves par des moyens insoupçonnés...

Son côté écolo décroissant avant l'heure !
J'aime aussi sa frugalité et son goût des choses simples, son souhait de ne pas vouloir voyager (son côté hobbit traditionnel), sa clairvoyance sur la nécessité des peuples de s'entendre et de se comprendre, de la place fondamentale du langage dans les relations humaines et en même temps de la défiance vis à vis de la communication (palantir)... Son amour des faibles et des petite gens, bref son humanité.

On lit souvent le succès de la trilogie de PJ comme un révèlateur par défaut que notre monde est en recherche de ces valeurs de chevalerie et de respect de l'autre, que le dépassement de soi n'est pas une fin en soi mais doit tendre vers un but, des valeurs communes, pour le bien de tous.
Et je crois qu'on a assez raison, même si à mon avis Tolkien aurait été gêné par tant de tapage.
Il a aussi beaucoup de talent pour réussir à faire passer, à travers des idéaux chevaleresques mais aussi par des attitudes de coeurs simples, des valeurs de générosité et de don de soi, sans le ton donneur de leçon ou moraliste. A utiliser les différent styles littéraires (ensemble ou séparément suivant chaque oeuvre) pour diversifier l'accès à son univers, à travers une fresque épique qui n'escamote pas non plus les questionnements, les doutes, les troubles de la nature humaine.

Mais j'ai bien peur que cette façon de voir et de penser ne soit bientôt plus qu'archivée au rang des souvenirs nostalgiques. Je rencontre encore beaucoup de gens (de mon âge où parfois même plus jeunes) qui n'ont pas lu Tolkien.

Au début cela ne me faisait rien, maintenant, cela m'inquiète.