12.08.2017, 23:07
Je vais publier dans ce sujet une série de textes sur Tolkien et la permaculture. Si vous ne savez pas ce qu'est la permaculture, et qu'à la lecture de ma prose vous n'avez rien compris de plus, tournez vous au moins vers des personnes au talent confirmé. Par exemple quatre acteurs majeurs: Bill Mollison & David Holmgren les Australiens, Sepp Holzer l'Autrichien et Masanobu Fukuoka le Japonais.
Le désir d'écrire ces textes me vient d'une déclaration de Rob Hopkins, fondateur du mouvement 'Villes en transition', tirée du documentaire 'Demain'.
Je résume de mémoire: l'art occidental est très fort pour représenter la fin du monde. Troisième guerre mondiale, épidémie de zombies, vague géante... Mais rien sur le sauvetage du monde, rendu possible par la permaculture.
Alors je me suis mis au travail avec Tolkien qui me paraît très approprié. Il s'en est fallu de peu d'années ou de kilomètres pour qu'il rencontre ce mouvement (ou pensée, ou design ... mais je m'avance). J'essaye donc dans les textes qui suivent de faire ressortir ce qui chez Tolkien préfigure ou illustre la permaculture, et j'extrapole ce qu'il aurait pu écrire allant dans ce sens.
Pour si possible partager une énergie pour un monde meilleur.
Le premier de ces textes est une introduction pour nouvelle ou petit roman sans prétention. Elle servira de base à une partie de jeu de rôle où deux joueurs incarneront Pervinca et Robur, à la recherche de leur grand père et de ces fameux jardins.
« Sacquet le fou venait de disparaître pour la deuxième fois ! »
La nouvelle venait de se répandre dans toute la Comté, mais elle ne préoccupait pas outre mesure Pervinca et son cousin Robur. Ils étaient tout deux toujours fourrés à Cul-de-sac, en tout cas dès qu'ils échappaient à la vigilance de leur patrons respectifs, et ce bien trop souvent pour faire d'eux de bon ouvriers, et ils savaient bien que maître Bilbon n'était pas fou. Comme le vieux Rory Brandebouc, ils se doutaient bien qu'il était tout simplement parti à nouveau en voyage.
Non, ce qui les préoccupait, c'était la disparition, le lendemain de la réception, de leur grand père Tago. M Tago Fouine était un hobbit tout ce qu'il y a de plus respectable. Pauvre certes, mais sans histoire. Il vivait au n°2 du Chemin des Trous-du-Talus, juste sous la Colline et M Sacquet, dans un humble trou où s'entassaient trois générations. Il avait été garçon boucher à Bourg de Touque dans sa jeunesse, puis il était devenu, au sein de l'établissement séculaire de Lèzeau « Cochon rose » le boucher de la famille Sacquet.
Dans ces familles là les enfants doivent se mettre très tôt au travail, et sa petite fille Pervinca le rejoignit dès l'âge de treize ans. Hélas, la hobitte terriblement indisciplinée fut renvoyée à l'issue de sa deuxième année, malgré toute la bonne volonté et la patience de M et Mme Robin et Capucine Sacquet. Mme Capucine, la bouchère, née Fouine et cousine au deuxième degré du troisième fils de Tago, connaissait bien la famille et la sérieuse éducation qui y était de rigueur. Elle fut conciliante mais ferme, et la turbulente Pervinca fut envoyée auprès d'un fermier de Lagrenouillère, car « qui marche loin pour son travail au matin, revient serein au soir du même chemin »
Les longues heures de marche quotidiennes n'eurent pas l'effet escompté et Pervinca ne fit là bas carrière ni dans la culture des choux, ni dans la couture. Elles renforcèrent le caractère bohème de la demoiselle, son goût pour les longues promenades et l'école buissonnière, au sens propre comme au figuré, car elle finit par en savoir long sur tout ce qui vit et pousse dans la Comté.
Une bonne partie de ses escapades loin des patrons et du travail l'amenèrent d'abord derrière la clôture de Cul-de-Sac, où elle espionnait M Bilbo, puis dans le jardin même avec d'autres garnements fascinés par les récits merveilleux de l'aventurier.
Bien que la jeune hobbite semblât se ranger et devenir respectable auprès de Mme Erdling Ferrier, serrurière à Lèzeau, elle reprit une vie papillonnante au bout de cinq ans et son jeune cousin, Robur Bravet, prenait avec elle un chemin déraisonnable.
Le jeune garçon quant à lui avait débuté dans le jardinage sous la houlette de M Ham Gamegie et avait ensuite alterné cuisine et menuiserie.
C'était le mois de septembre de l'année 1401, selon le calendrier de la Comté, et la nouvelle avait couru dans toute la région : M Sacquet allait donner, à l'occasion de son undécante-unième anniversaire, une grande réception.
Robur qui travaillait alors au Buisson de Lierre était déjà de la partie. Toute la brigade était réquisitionnée pour faire tourner l'énorme cuisine en plein air prévue à cet effet.
Pervinca, malgré ses états de service catastrophiques trouva sans peine à se faire embaucher pour le service : les invitations plurent, au point de saturer les postes.
Les deux cousins étaient alors au cœur de l’événement, ainsi que leur grand père. Car il est une « attraction » qu'ils ne voulaient manquer sous aucun prétexte : le feu d'artifice que donnerait Gandalf le célèbre magicien.
Pour Tago, par nostalgie de tout ceux qu'il avait contemplé dans son enfance, quand il était garçon boucher à Bourg de Touque. Ils étaient tirés à la Mi-été, pour le vieux Touque ami du magicien. Combien de fois avaient-ils, avec son client et ami Hildifons, commenté ces feux à la ressemblance de forêts et de jardins étranges ? Et celui donné pour les cent vingt ans du patriarche ! Dans quelle contrée lointaine, et de la main de quel jardinier pouvait germer un tel paradis ?
Pour Pervinca et Robur, c'était le désir et l'impatience entretenus par les récits de leur grand père, car le dernier de ces feux datait déjà de quelques années avant leur naissance.
Bien qu'habituellement indisciplinée, la turbulente cousine fut à la hauteur de l’événement. Elle était encore dans ses années intermédiaires d'avant la majorité, mais elle savait maintenant se fixer des objectifs, certes bien à elle, et s'y tenir.
Son cousin n'était pas en reste pour ce qui est de l'application à la tâche : il y eut fort à faire pour nourrir tout ce monde et il s'en tira fort bien, du haut de ses vingt et un printemps.
Bien que nourris de récits d'aventure, Perlinca et Robur goûtèrent fort peu le vol du dragon. L'une renversa tout un plateau garni de pots de bonne bière et l'autre répandit une pleine marmite de ragoût brûlant sur ses pieds quand comme un seul homme l'assemblée se jeta face contre terre au moment du passage en rase motte du monstre de feu.
Ils goûtèrent avidement le spectacle de ces forêts jardins, arbres verts aux troncs de fumée sombre regorgeant de fruit colorés qui jaillissaient en fusées ou fontaines à tous les étages et abritant de leurs racines jusqu'aux cimes une multitude d'animaux gambadant ou s'envolant dans un fracas étincelant.
Puis vint le moment du discours et de l'adieu, et Bilbo disparu dans un éclair aveuglant.
Pervinca, toujours l'oreille aux aguets, approuva intérieurement le raisonnement du vieux Rory Brandebouc qui commentait l’événement à sa belle-fille Esmeralda. Le côté Touque avait repris le dessus sur le Sacquet et M Bilbo était de nouveau parti en voyage !
Robur qui assurait le service avec un certain Larmoise, venu en renfort de Bree vint à faire le parallèle avec le vieil ami de leur grand père, Hildifons.
« ce M Hildifons, sûr que je me rappelle, que mon père l'avait dit. L'est parti en voyage juste après le feu d'artifice des cent vingt ans du vieux Touque. L'est passé à Bree et on l'a plus de jamais revu. L'avait parti après vers X »
Robur n'avait jamais réussi à écrire autre chose que son nom, au contraire de sa cousine à qui M Sacquet avait appris ses lettres et même un peu de géographie. Elle était allée un peu trop loin dans cette noble activité intellectuelle, au point de dérober une ou deux cartes dans un bureau de Cul-de-Sac.
« c'est pour une bonne cause » avait elle rétorqué à son cousin indigné, qui acceptait tant bien que mal cet anticonformisme.
Toujours est-il que vous avez noté que les gens de Bree parlent assez mal ma foi...
Le désir d'écrire ces textes me vient d'une déclaration de Rob Hopkins, fondateur du mouvement 'Villes en transition', tirée du documentaire 'Demain'.
Je résume de mémoire: l'art occidental est très fort pour représenter la fin du monde. Troisième guerre mondiale, épidémie de zombies, vague géante... Mais rien sur le sauvetage du monde, rendu possible par la permaculture.
Alors je me suis mis au travail avec Tolkien qui me paraît très approprié. Il s'en est fallu de peu d'années ou de kilomètres pour qu'il rencontre ce mouvement (ou pensée, ou design ... mais je m'avance). J'essaye donc dans les textes qui suivent de faire ressortir ce qui chez Tolkien préfigure ou illustre la permaculture, et j'extrapole ce qu'il aurait pu écrire allant dans ce sens.
Pour si possible partager une énergie pour un monde meilleur.
Le premier de ces textes est une introduction pour nouvelle ou petit roman sans prétention. Elle servira de base à une partie de jeu de rôle où deux joueurs incarneront Pervinca et Robur, à la recherche de leur grand père et de ces fameux jardins.
« Sacquet le fou venait de disparaître pour la deuxième fois ! »
La nouvelle venait de se répandre dans toute la Comté, mais elle ne préoccupait pas outre mesure Pervinca et son cousin Robur. Ils étaient tout deux toujours fourrés à Cul-de-sac, en tout cas dès qu'ils échappaient à la vigilance de leur patrons respectifs, et ce bien trop souvent pour faire d'eux de bon ouvriers, et ils savaient bien que maître Bilbon n'était pas fou. Comme le vieux Rory Brandebouc, ils se doutaient bien qu'il était tout simplement parti à nouveau en voyage.
Non, ce qui les préoccupait, c'était la disparition, le lendemain de la réception, de leur grand père Tago. M Tago Fouine était un hobbit tout ce qu'il y a de plus respectable. Pauvre certes, mais sans histoire. Il vivait au n°2 du Chemin des Trous-du-Talus, juste sous la Colline et M Sacquet, dans un humble trou où s'entassaient trois générations. Il avait été garçon boucher à Bourg de Touque dans sa jeunesse, puis il était devenu, au sein de l'établissement séculaire de Lèzeau « Cochon rose » le boucher de la famille Sacquet.
Dans ces familles là les enfants doivent se mettre très tôt au travail, et sa petite fille Pervinca le rejoignit dès l'âge de treize ans. Hélas, la hobitte terriblement indisciplinée fut renvoyée à l'issue de sa deuxième année, malgré toute la bonne volonté et la patience de M et Mme Robin et Capucine Sacquet. Mme Capucine, la bouchère, née Fouine et cousine au deuxième degré du troisième fils de Tago, connaissait bien la famille et la sérieuse éducation qui y était de rigueur. Elle fut conciliante mais ferme, et la turbulente Pervinca fut envoyée auprès d'un fermier de Lagrenouillère, car « qui marche loin pour son travail au matin, revient serein au soir du même chemin »
Les longues heures de marche quotidiennes n'eurent pas l'effet escompté et Pervinca ne fit là bas carrière ni dans la culture des choux, ni dans la couture. Elles renforcèrent le caractère bohème de la demoiselle, son goût pour les longues promenades et l'école buissonnière, au sens propre comme au figuré, car elle finit par en savoir long sur tout ce qui vit et pousse dans la Comté.
Une bonne partie de ses escapades loin des patrons et du travail l'amenèrent d'abord derrière la clôture de Cul-de-Sac, où elle espionnait M Bilbo, puis dans le jardin même avec d'autres garnements fascinés par les récits merveilleux de l'aventurier.
Bien que la jeune hobbite semblât se ranger et devenir respectable auprès de Mme Erdling Ferrier, serrurière à Lèzeau, elle reprit une vie papillonnante au bout de cinq ans et son jeune cousin, Robur Bravet, prenait avec elle un chemin déraisonnable.
Le jeune garçon quant à lui avait débuté dans le jardinage sous la houlette de M Ham Gamegie et avait ensuite alterné cuisine et menuiserie.
C'était le mois de septembre de l'année 1401, selon le calendrier de la Comté, et la nouvelle avait couru dans toute la région : M Sacquet allait donner, à l'occasion de son undécante-unième anniversaire, une grande réception.
Robur qui travaillait alors au Buisson de Lierre était déjà de la partie. Toute la brigade était réquisitionnée pour faire tourner l'énorme cuisine en plein air prévue à cet effet.
Pervinca, malgré ses états de service catastrophiques trouva sans peine à se faire embaucher pour le service : les invitations plurent, au point de saturer les postes.
Les deux cousins étaient alors au cœur de l’événement, ainsi que leur grand père. Car il est une « attraction » qu'ils ne voulaient manquer sous aucun prétexte : le feu d'artifice que donnerait Gandalf le célèbre magicien.
Pour Tago, par nostalgie de tout ceux qu'il avait contemplé dans son enfance, quand il était garçon boucher à Bourg de Touque. Ils étaient tirés à la Mi-été, pour le vieux Touque ami du magicien. Combien de fois avaient-ils, avec son client et ami Hildifons, commenté ces feux à la ressemblance de forêts et de jardins étranges ? Et celui donné pour les cent vingt ans du patriarche ! Dans quelle contrée lointaine, et de la main de quel jardinier pouvait germer un tel paradis ?
Pour Pervinca et Robur, c'était le désir et l'impatience entretenus par les récits de leur grand père, car le dernier de ces feux datait déjà de quelques années avant leur naissance.
Bien qu'habituellement indisciplinée, la turbulente cousine fut à la hauteur de l’événement. Elle était encore dans ses années intermédiaires d'avant la majorité, mais elle savait maintenant se fixer des objectifs, certes bien à elle, et s'y tenir.
Son cousin n'était pas en reste pour ce qui est de l'application à la tâche : il y eut fort à faire pour nourrir tout ce monde et il s'en tira fort bien, du haut de ses vingt et un printemps.
Bien que nourris de récits d'aventure, Perlinca et Robur goûtèrent fort peu le vol du dragon. L'une renversa tout un plateau garni de pots de bonne bière et l'autre répandit une pleine marmite de ragoût brûlant sur ses pieds quand comme un seul homme l'assemblée se jeta face contre terre au moment du passage en rase motte du monstre de feu.
Ils goûtèrent avidement le spectacle de ces forêts jardins, arbres verts aux troncs de fumée sombre regorgeant de fruit colorés qui jaillissaient en fusées ou fontaines à tous les étages et abritant de leurs racines jusqu'aux cimes une multitude d'animaux gambadant ou s'envolant dans un fracas étincelant.
Puis vint le moment du discours et de l'adieu, et Bilbo disparu dans un éclair aveuglant.
Pervinca, toujours l'oreille aux aguets, approuva intérieurement le raisonnement du vieux Rory Brandebouc qui commentait l’événement à sa belle-fille Esmeralda. Le côté Touque avait repris le dessus sur le Sacquet et M Bilbo était de nouveau parti en voyage !
Robur qui assurait le service avec un certain Larmoise, venu en renfort de Bree vint à faire le parallèle avec le vieil ami de leur grand père, Hildifons.
« ce M Hildifons, sûr que je me rappelle, que mon père l'avait dit. L'est parti en voyage juste après le feu d'artifice des cent vingt ans du vieux Touque. L'est passé à Bree et on l'a plus de jamais revu. L'avait parti après vers X »
Robur n'avait jamais réussi à écrire autre chose que son nom, au contraire de sa cousine à qui M Sacquet avait appris ses lettres et même un peu de géographie. Elle était allée un peu trop loin dans cette noble activité intellectuelle, au point de dérober une ou deux cartes dans un bureau de Cul-de-Sac.
« c'est pour une bonne cause » avait elle rétorqué à son cousin indigné, qui acceptait tant bien que mal cet anticonformisme.
Toujours est-il que vous avez noté que les gens de Bree parlent assez mal ma foi...
La lumière n'indique pas le bout du tunnel, c'est la lanterne de celui qui comme toi, cherche à sortir.