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Petit instantané du Pont du Brandevin
#1
Il s'agit de la vue en arrivant vers le pont depuis l'intérieur de la Comté. La porte du nord du Pays de Bouc est sans doute un peu plus loin et non visible à cet endroit mais j'ai pris la liberté de la placer ici pour avoir une vue d'ensemble.
C'est un peu un instantané qui pourrait s'inscrire dans une promenade arrêtée dans l'esprit de celles des "Promenades à travers la Comté".
[Image: ponbran.jpg]
Nous arrivions à hauteur du pont après quelques heures de marche depuis Blancs-Sillons. Quoique son niveau soit assez bas en cette fin de saison sèche, le débit du fleuve restait soutenu. Un drap échappé des mains d’une lavandière maladroite aurait vite filé par son courant. De longues algues et plantes aquatiques chevelues s’étiraient en ligne droite à partir des berges dans ces reflets rapides, semblant vouloir elles aussi se sacrifier à la vigueur de ces flots.

Des demoiselles scintillantes en vol stationnaire au-dessus des joncs permettaient de parfaire sa vision et de saisir au vol la respiration ondoyante de sa surface.
Le pont, soigneusement entretenu par les Hobbits, avait gardé la majesté des constructions des anciens âges des rois d'Arnor. Mais c’était une majesté qui s’était adoucie au fil des ans, ses pierres avaient perdu leurs saillies anguleuses et certains ornements erigés étaient érodés, sa silhouette s’était arrondie, faisant écho au relief environnant. Seules ses deux arches ressemblaient toujours aux arceaux tendus d’une arbalète, d’où le nom que lui avaient donné certains hommes de Bree, le pont aux archets ou le pont aux arbalètes. De cette force retenue venue des lointains royaumes du Nord, il avait la force des armes, mais sa destinée s’était figée, dans son immobilité pétrifiée, laissant au seul fleuve la course et la vélocité.

Sur le chemin, nous avions croisé aussi quelques hobbits, occupés à rejointoyer certains segments de pavage de la route, à nettoyer les bas côtés, à réassembler les pierres des murets délimitant les cultures limitrophes, défrichant aussi les fossés et remblayant certains passages vers des portails de haies, partiellement effondrés après la mauvaise saison ou par les roues des attelages.

Appuyés sur le manche de leur outil un brin de paille entre les dents ou bien occupés à leur tranquille labeur, ils travaillaient lentement, mais avec cette lenteur soutenue, propre au rythme de vie du pays qui n’empêche pas de lever le nez au vol d’un oiseau ou au passage d’un voyageur.

Des paniers gonflés de victuailles reposaient à l’écart à l'ombre d’un gros cenellier, à côté d’autres outils de coupe et de terrassement bien nettoyés. Signe que ces travailleurs étaient bien de la Comté, sans doute ceux parmi les moins aisés, amenant avec eux un peu de leur style de vie confortable, même pour des travaux à quelques furlongs de leurs chaud trou domestique.

De l'autre côté du pont, l'on voyait l’intérieur du pays de Bouc avec la porte d'accès sur la vieille route de l'est fermée, et le trou du préposé semblait occupé car une barque était amarée à la rive opposée et de la fumée sortait de la cheminée. Au loin, les champs du Pont se fondaient dans la ligne floue de l'horizon qui rejoignait les sommets arrondis des collines de Bree.

De la margelle finale du pont, un assemblage de palissades et de branchages taillés tressaient une solide et impénétrable barrière, haute d’au moins dix toises, jusqu’à la porte du pays de Bouc, puis reprenait jusqu’à un massif d’arbres et d’arbustes tout aussi resserrés.

A l’extérieur de ce rempart qu’elle longeait sur une courte distance, la route continuait vers Bree, son pavage était plus déterioré et irrégulier. Nous arrivions dans cette partie qui sépare la Comté du pays de Bree, à la fois indistincte et sauvage. Les derniers champs du Pont finissaient ici leurs derniers sillons, laissant place à une lande parsemée de buissons d’arbres, de fossés et de valonnements marqués à certains intervalles par quelques timides enclos déserts. A partir de là, le paysage reprenait presque une hostilité, ou du moins incitait à le traverser avec humilité.
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#2
J'aime vraiment ton coup de pinceau. C'est simple (enfin, ça paraît simple) mais efficace.
What's the point of all this pedantry if you can't get a detail like this right?
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#3
Beau travail... de traduction en image (comme le suggérait Crayon Volant dans un autre fuseau) ! Wink

Amicalement,

Hyarion.
All night long they spake and all night said these words only : "Dirty Chu-bu," "Dirty Sheemish." "Dirty Chu-bu," "Dirty Sheemish," all night long.
(Lord Dunsany, Chu-Bu and Sheemish)
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#4
Bravo pour ce travail (et merci pour ce texte que je prends pour un hommage à mon art Mr. Green )

En complément, voici un petit lien où on parle aussi de la porte du Pays de Bouc et du Pont.

I.
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#5
Merci pour vos encouragements et oui Isengar, il s'agit bel et bien d'un humble hommage à tes promenades, que j'ai dévoré en ligne mais que je vais acheter dans leur version intégrale dès mon prochain voyage en France.
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#6
Le rendu est magnifique!
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