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Devoir de vacances...
#6
Allez, je mets deux chapitres d'un coup, histoire de rentrer enfin dans le vif du sujet!

Chapitre 2 : Départ pour la guerre
En sortant de la pièce, le Semi-Elfe ne partageait pas tout à fait l'état d'esprit de son Roi: il était jeune encore, sûr de sa force, et ce n'était pas la première mission périlleuse qu'il se voyait confier.

Pourtant, tandis que le serviteur le raccompagnait vers la sortie, son regard s'attarda sur toutes les choses qui l'entouraient: les hauts murs pâles et lisses, les statues fragiles qui fixaient dans la pierre la beauté d'un instant furtif, les fontaines qui chantonnaient en répandant leurs cascades vivifiantes sur l'herbe verte de la fin de l'été...

Elrond prit soudain conscience, comme il ne l'avait jamais fait, que tout cela, ce décor qui lui était si familier, il pourrait ne jamais les revoir. Une ombre tomba sur son coeur malgré la clair matinée.
-Il faudrait toujours vivre ainsi, finit-il par conclure pour lui-même. Comme si on allait mourir demain...

Il alla d’abord dans les quatre casernes qui entouraient le palais royal et choisit les meilleurs soldats qu’il put trouver. Il en connaissait beaucoup pour avoir souvent guerroyé avec eux contre les Orques. Malgré son haut poste auprès du Roi, il aimait leur rude et joyeuse compagnie, et les traitait plus en frères d’armes qu’en subordonnés. Ceux-ci le surnommaient Thindolt, le Chef Gris, à cause de la couleur de ses yeux.

Dans l’heure de midi, il s’arrêta à une taverne de la ville pour se reposer un peu ; il avait à peine eu le temps de s’asseoir qu’une voix l’interpella :
-‘dolt !
Il leva les yeux et vit une cinquantaine d’Elfes s’avancer vers lui, menés par Erestor, un gai luron et courageux soldat qu’Elrond appréciait beaucoup. Ils se tassèrent tant bien que mal autour de la table du Semi-Elfe, remplissant presque la taverne à eux seuls ; heureusement, peu de personnes s’y trouvaient. Erestor se détacha du groupe et s’empara d’une chaise. Il s’assit sans vergogne devant Elrond puis lui sourit jusqu’aux oreilles :
-Le bruit court dans la ville que tu recrutes des hommes ?demanda-t-il en affectant un ton de reproche. Nous n’étions pas en faction aujourd’hui et nous venons de l’apprendre. Nous réquisitionnons une place parmi ton armée !
-Ce n’est pas la mienne, mais celle du Roi, rectifia Elrond lui rendant son sourire. Et la rumeur dit-elle que cette mission est dangereuse, et qu’aucun de nous peut-être ne reviendra ?
Erestor redevint sérieux, mais la joie resta imprégnée sur son visage- tels étaient son don et sa force-.
-Elle le dit, mais nous voulions l’entendre par ta bouche. Nous n’avons pas peur de te suivre, même si la mort est probable !
Un murmure d’approbation parcourut les Elfes massés devant eux.
-Dit-elle aussi que ce n’est pas tant nos vies que nous pourrions perdre, mais aussi notre fierté en reculant devant l’Ennemi ?

Disant cela, il parcourut du regard les visages qui lui faisaient face. Il y vit l’angoisse de la souffrance et de la mort, que les Elfes portent en eux beaucoup plus profondément que les Hommes ; pourtant, cette peur bien compréhensible était peu de chose devant l’idéal qui guidait ces soldats.
-Si telle doit être notre tâche, nous le ferons pour sauvegarder la paix en Terre du Milieu, répondit Erestor, résumant la pensée commune.
Elrond sourit à nouveau et hocha la tête avec satisfaction: derrière leurs visages ardents à l’idée du combat, ils avaient compris l’importance de leur rôle et étaient prêts à faire tout ce qui était en leur pouvoir pour servir leur peuple.

Les quatre jours qui suivirent, il y eut une affluence exceptionnelle chez les forgerons et les maréchaux-ferrants, heureusement très nombreux à Mithlond. Elrond imita les soldats; mais sa fonction lui permettait de jouir du savoir-faire du forgeron du Roi, ce qui lui épargnait les longues attentes auprès des fours surchauffés.

Ayant fini tous ses préparatifs, il partit flâner dans la ville inondée de soleil. Ses pas le menèrent sur la place du marché. Il avait toujours aimé cet endroit : le poissonnier vantait à grands cris le produit de son étal, un scintillement d’écailles et de nageoires semblant venir tout droit du palais d’Ulmo ; une marchande de fleurs trônait au milieu de pétales colorés dont la fragrance recouvrait quasiment toute la place ; plus loin , le vendeur d’oiseaux exposait ses bêtes, aussi agréables à regarder qu’à écouter. Tout se faisait en un désordre indescriptible de bruits, d’odeurs et de couleurs qui étourdissait.

Elrond marchait lentement à travers la place. Les souvenirs affluaient à chaque pas : cette boucherie, d’où était venu ce succulent sanglier du Nouvel An, ce marchand de tissus, où ses amis lui avaient fait confectionner en secret une magnifique cape… Une bouffée de tristesse le saisit soudain, et il prit conscience qu’il pourrait ne jamais revenir à Mithlond. Le souvenir des paroles d’Erestor ne parvenait pas à l’apaiser.
-Après tout, pourquoi avoir peur ? se dit-il enfin. Je suis un soldat, et j’obéis aux ordres du Roi, quelles que soit leurs conséquences. Mon destin et celui de tous reposent entre les mains d’Elbereth !

Ayant un peu repris courage, il s’éloigna du brouhaha, traversa deux rues et franchit le seuil d’un édifice tout construit de marbre. Dans une vaste pièce claire se trouvaient quatorze statues sur piédestal, sept de chaque côté, représentant les Valar.
Oromë et Nienna encadraient la porte; leurs représentations semblaient presque s'affronter, tant elles étaient différentes. Chevauchant Nahar, son destrier d'un blanc de neige, accompagné d'une meute de chiens hurlants, Oromë se dressait, les yeux flamboyants, la chevelure en désordre, et s'apprêtait à lancer un puissant appel dans son cor.
En face de lui se tenait Nienna, agenouillée dans l'herbe. Enveloppée dans son manteau gris, la tête penchée avec douleur vers la terre, elle laissait ses longs cheveux s'y dérouler comme pour lui apporter un quelconque réconfort. Comme tous les guérisseurs, Elrond avait une affinité particulière pour cette dernière, et il se recueillit un instant silencieux auprès d'elle, implorant sa compassion et son pouvoir de ranimer l'espérance.

Puis ses pas le portèrent vers Mandos le Juge. A son côté se trouvaient les parchemins où étaient écrits tous les faits et gestes de toutes les créatures dotées de vie, et une balance pour décider de leur destin. Un aigle se tenait près de lui, rappelant que Mandos ne prenait aucune décision par lui-même, mais uniquement sur ordre de son seigneur Manwë.
Enlrond resta là un moment, se demandant combien des siens se tiendraient devant Mandos avant la venue du printemps. Il finit par se retourner vers Ulmo, le Valar qui aimait le plus le peuple des Elfes, et qui était jadis apparu à son ancêtre Tuor. Le Valar portait un long manteau serti de saphirs et d'opales. Ses yeux flamboyaient à travers son heaume noir. Malgré son apparence terrible, les Elfes aimaient ce Valar; car, au mépris de la prophétie énoncée par Mandos, Ulmo était resté près des Terres du Milieu, et il avait aidé maintes fois les Hommes et les Elfes en leur promulguant de sages conseils et en les aidant dans leurs quêtes.

Plus loin se trouvaient ensemble le mari et la femme, Aulë le Forgeron et Yavanna Reine de la Terre. De ses doigts habiles, Aulë façonnait un bijou orné de pierreries chatoyantes, tandis que Yavanna, les bras tendus vers le ciel, en faisait descendre une lumière dorée qui redonnait vie à la terre infertile.

Les pas d'Elrond résonnèrent dans la longue allée, et il arriva à son extrémité. Devant lui se tenait Elbereth, revêtue d'une longue robe étoilée. Grâce à l'art du sculpteur, où que se plaçait le visiteur, la reine des étoiles le fixait de son doux regard. A ses côtés, assis sur un haut trône, Manwë envoyait ses aigles porter des messages de par le monde. La statue était plus grande que les autres, mais le Valar avait le front intelligent et le visage aimable, si bien qu'il dégageait un inexprimable effet de bonté.

Au fond de l’allée formées par les statues, il y avait un espace vide, symbolisant Eru, que nul art ne saurait représenter. Des lustres suspendus éclairaient le haut plafond de mosaïque, et dans l’air flottait la fraîche odeur des fleurs apportées en offrande devant le piédestal inoccupé. Le Semi-Elfe s’arrêta dans l’ombre d’une colonne, rabattit son capuchon sur sa tête et pria.

Enfin, à l’aube du quatrième jour, Elrond franchit les portes de la cité de Mithlond. Gil-Galad avait tenu une dernière réunion avec Elrond et les Elfes qu’il avait choisi pour le seconder –Erestor s’était vu remettre la tâche d’aide de camp-. Il leur avait longuement parlé, enracinant le courage dans leurs cœurs par la vertu de ses anneaux.
Et avec le Semi-Elfe partit un grand nombre d’Elfes à cheval et puissamment armés ; et tous, de leur chef au plus humbles des soldats, ils se demandaient qui de l’Ombre ou de la Lumière allait remporter le duel, et s’ils reverraient jamais la belle terre du Lindon.

Chapitre 3 : Soir d’hiver
Erestor jeta quelques bûches à côté du feu allumé devant la tente des officiers. Il était allé les chercher, avec mille précautions, dans la forêt qui bordait le campement de l’armée en déroute. Mais les Orques étaient encore loin ; Elrond avait forcé l’allure vers le nord, afin de laisser une nuit de repos à ses soldats avant le retour du soleil et des combats.
Comme Gil-Galad l’avait craint, l’aide apportée par Elrond s’était révélée insuffisante face aux armées de Sauron : Celebrimbor avait été tué, et seuls quelques Elfes avaient réussi à rejoindre l’armée d’Elrond. Obéissant à Gil- Galad, le Semi-Elfe avait ordonné le repli de ses troupes ; pressés par les Orques qui les poursuivaient, ils s’étaient dirigés vers les montagnes. Le massacre était proche, mais Sauron avait appris la présence de Varya et Vilya au Lindon. Il avait alors marché vers l’ouest, ne laissant qu’une petite troupe traquer les Elfes, troupe pourtant assez importante pour les écraser jusqu’au dernier en cas de combat (d’attaque).
Le Semi-Elfe n’était pas dans la tente ; seuls s’y trouvaient Limtal et Sadorhen, les deux Elfes envoyés par Celebrimbor avant l’attaque de Sauron pour mettre les trois plus beaux anneaux en sécurité à Mithlond. Ils en avaient confiés deux à Gil-Galad, puis étaient repartis avec Elrond et son armée, même si la situation leur semblait désespérée en Eregion. Ils installaient leurs affaires et s’interrogeaient sur l’itinéraire du lendemain.
Erestor resserra son manteau autour de lui et se rapprocha du feu. La nuit tombait. Au bout d’un moment, les premières étoiles s’allumèrent au firmament et la lune se leva, faisant scintiller d’un éclat blanc et froid la neige qui recouvrait le sol. On n’entendait dans l’air glacé qu’un doux bourdonnement irrégulier : le murmure des Elfes qui discutaient dans leur tente, finissant de manger avant de prendre un peu de repos.
Des pas firent soudain crisser la neige. Erestor se retourna, mais il savait déjà que c’était Elrond : aucun Elfe, plus léger, n’aurait fait autant de bruit en marchant ! Mais ses soldats lui pardonnaient volontiers ce défaut; c’était un bon chef, avisé et courageux, qui n’abusait jamais de son autorité. Chaque soir, il avait pris l’habitude de se promener dans le camp et de discuter avec les Elfes, afin de connaître l’état et le moral de ses troupes. De plus, c’était un excellent médecin, enseigné par Gil-Galad lui-même. En cas de blessures graves, les Elfes n’hésitaient jamais à venir le voir. Pourtant, ils murmuraient entre eux depuis qu’il avait ordonné la retraite, car l’idée d’une déroute les humiliait profondément.
Elrond s’arrêta près du feu, aux côtés d’Erestor. Les flammes se reflétaient dans ses yeux gris, éclairant étrangement son visage soucieux et préoccupé. Erestor n’osa pas le questionner.
Après quelques instants de silence, Elrond parla enfin :
-Cette situation ne peut plus durer. Nous fuyons depuis des jours, et à présent les troupes préféreraient mourir sur place plutôt que montrer leur dos à l’ennemi une fois de plus.
-C’est toi qui nous l’as ordonné, et nous t’avons obéi, répliqua Erestor, tentant de refouler la colère qui montait en lui.
Malgré l’orgueil qu’il partageait avec les troupes, il s’était comme elles soumis à l’ordre de retraite, bien qu’il préférât de loin périr au combat (eût de loin préférer périr au combat).
-Les Orques sont trop nombreux ; à quoi une guerre ouverte nous servirait-elle ? répondit calmement Elrond. J’espérais que l’hiver aurait eu raison d’eux plus vite que de nous. Mais je me suis trompé, car ils ont de nombreux alliés dans cette région, des trolls et des géants qui leur fournissent assez de vivres et de combustibles pour vaincre le froid. A cela, il y a une solution : si nous trouvions un refuge dans un endroit caché et difficile d’accès, nous pourrions résister à un siège jusqu’à l’arrivée de ceux de Númenor.
Erestor avait écouté sans rien dire. Après tout, le Semi-Elfe avait raison : soit ils continuaient à fuir, ce à quoi ils ne pouvaient se résoudre ; soit ils revenaient combattre, et se faisaient tuer jusqu’au dernier ; soit ils résistaient dans un lieu adéquat, comme le proposait Elrond.
-Tu as raison, dit-il. Mais sais-tu où nous nous installerons pour faire face à l’ennemi ?
-Je l’ignore encore. C’est pour l’instant ma première préoccupation. Nous devons invoquer la bienveillance toute-puissante des Valar, afin qu’ils nous guident vers un lieu propice ! soupira-t-il en tournant son regard vers l’Ouest. Je pense que les Orques ne se déplaceront plus à présent, persuadés que nous ne passerons pas les montagnes ; ils attendront que, affaiblis par le froid et sans courage, nous soyons faciles à retrouver et à faire disparaître. Va informer les troupes : dès demain, nous chercherons un endroit où regrouper nos forces.
Erestor le salua avec joie et s’éloigna. Le Semi-Elfe n’avait pas voulu prévenir les soldats avant de soumettre son idée à son second et ami ; c’était une chose de plus qu’Erestor appréciait.

Malgré l’heure tardive, la nouvelle se répandit comme une traînée de poudre ; Elrond le réalisa en écoutant les chuchotements qui circulaient d’une tente à l’autre. Il s’enroula dans sa couverture et se prépara à dormir, comme ses officiers le faisaient déjà. Les Elfes n’aiment pas dormir trop près du sol ; les lits de camp étaient donc constitués de quatre bâtons droits plantés dans le sol, tendant entre eux un rectangle de toile. Une fois plié au fond du sac, ce matériel était léger et peu volumineux, et les soldats pouvaient l’emmener partout sans difficulté. Après avoir fait le tour du camp, Erestor rentra dans la tente ,se faufila silencieusement entre les lits et se coucha près de celui de son chef. Tous deux se murmurèrent un bonsoir fatigué et s’endormirent presque aussitôt.



N'hésitez pas à me dire s'il y a des incohérences, je suis loin d'être une spécialiste en géographie de TdM...
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Devoir de vacances... - par Tinakë - 30.12.2007, 17:48

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