16.08.2018, 17:23
(Modification du message : 18.08.2018, 22:41 par Chiara Cadrich.)
Bonjour à tous !
Voici une divagation autour du thème de permaculture au sens culturel du terme.
Notes
[1] En sindarin, l’étymologie de ce prénom moderne pourrait donner « Soleil du monde elfique » (El – Eä – Anor). Joli hasard ?
[2] Il s’agit de deux des Palantiri du Nord.
[3] Une suite est un ensemble ordonné de pièces instrumentales ou orchestrales jouées en concert plutôt qu'en accompagnement.
Voici une divagation autour du thème de permaculture au sens culturel du terme.
.oOo.
Dans un manoir caché des Dunedain, entre le lac et les montagnes…
Derrière le carreau embué, les collines enneigées se perdaient dans la grisaille d'une matinée d'hiver. L'esprit du garçon y vagabondait, chassant le lièvre blanc, le grand seize-cors ou la vermine orque, aux côtés de ses ainés.
- Arahad, veux-tu reprendre le quatrième mouvement de la suite, en sol ?
Le garçon tressaillit, de retour dans la tour du vieux manoir vermoulu.
Son professeur de musique – une tante éloignée, Arahad l’appelait la vieille bique - avait une voix de crécelle, et des rappels à l'ordre absolument horripilants.
Les longs doigts virtuoses de la vieille bique s’agitèrent un instant sur les cordes de sa harpe, égrenant un arpège en sol majeur, d’une ample majesté.
Cette tête folle d’Arahad, encore ébouriffée par sa chevauchée imaginaire dans les Collines du Crépuscule, lança avec dépit :
- Pourquoi on doit apprendre tout ça ? Ça sert à rien contre les orques ! »
Après un hochement de tête peiné, la vieille dame rétorqua de sa voix éraillée :
- Les orques ne font pas de musique. Ne vaux-tu pas mieux qu’un orque ? Tu ne penses qu’au combat ! Les exploits de ton père, notre seigneur Araglas, n’ont pas d’autre but que préserver la grandeur des Dunedain, nos arts et nos lettres, dans l’espoir qu’un jour ils puissent renaitre. Bien plus que la gloire de notre lignée, c’est la grâce de ta sœur et le savoir de ton frère qu’il protège, et que bientôt tu devras protéger, et mieux encore, transmettre à la génération suivante ! Notre peuple est passé dans l’obscurité pour survivre à la haine du Roi-Sorcier d’Angmar ; mais chacune de nos ombres doit se montrer aussi vaillante glaive au poing, que plume à la main.
Arahad chercha de l'aide autour de lui.
Sa grande sœur, qui d'ordinaire enveloppait la fratrie d’un regard serein et protecteur, le toisait d’un air sévère. Le port royal, comme il sied dans la lignée d’Isildur, et le buste droit dans sa guimpe austère, la jeune fille tenait son archet d’un poignet souple et gracieux. Prête à attaquer la suite d’Arvedui sur sa viole de gambe, Eleanor [1] attendait le bon vouloir de son cadet, un sourcil et l’auriculaire en l'air.
Le petit dernier, juché sur un tabouret entre son aînée et le professeur, tachait de masquer derrière son pipeau, un sourire de connivence gênée. Comme un silence s’éternisait, le petit Dirhad, sans piper mot, esquissa de ses doigts graciles, quelques notes sur son instrument.
Arahad remercia d’un battement de cils. Hésitant, il reproduisit le mouvement sur sa flûte à bec. O Miracle ! Dirhad avait transposé de mémoire, la séquence qui manquait à son grand frère.
Le thème s’éleva presque malgré lui, modeste complainte chantant l’âpreté des collines, bientôt relayée par une ritournelle du pipeau, sautillante comme un ruisseau dévalant les pentes jusqu’au lac Evendim. La plénitude de l’été inonda la petite pièce lambrissée, comme la viole majestueuse prenait le contrepoint de la flûte et embrassait l’Eriador tout entier, chargé des épis et des grappes autrefois récoltés par les Dunedain. La harpe du professeur reprit le thème, enlevant les enfants jusqu’aux glaces de Forochel, où gisaient, selon la légende, les trésors du royaume des Dunedain dans le nord, depuis que le dernier Roi de Fornost les y avaient cachés. [2]
La suite [3] s’acheva. Les enfants émergèrent d’un songe éveillé, un peu étonnés d’en être venus à bout, comme si la force du thème les avait portés de lui-même. Un sourire complice s’esquissa au doux minois presque maternel d’Eleanor, éclaira la frimousse studieuse de Dirhad, étira une grimace satisfaite sur le visage farouche d’Arahad, avant de semer une larme sur la joue sèche et ridée du professeur.
Derrière le carreau embué, les collines enneigées se perdaient dans la grisaille d'une matinée d'hiver. L'esprit du garçon y vagabondait, chassant le lièvre blanc, le grand seize-cors ou la vermine orque, aux côtés de ses ainés.
- Arahad, veux-tu reprendre le quatrième mouvement de la suite, en sol ?
Le garçon tressaillit, de retour dans la tour du vieux manoir vermoulu.
Son professeur de musique – une tante éloignée, Arahad l’appelait la vieille bique - avait une voix de crécelle, et des rappels à l'ordre absolument horripilants.
Les longs doigts virtuoses de la vieille bique s’agitèrent un instant sur les cordes de sa harpe, égrenant un arpège en sol majeur, d’une ample majesté.
Cette tête folle d’Arahad, encore ébouriffée par sa chevauchée imaginaire dans les Collines du Crépuscule, lança avec dépit :
- Pourquoi on doit apprendre tout ça ? Ça sert à rien contre les orques ! »
Après un hochement de tête peiné, la vieille dame rétorqua de sa voix éraillée :
- Les orques ne font pas de musique. Ne vaux-tu pas mieux qu’un orque ? Tu ne penses qu’au combat ! Les exploits de ton père, notre seigneur Araglas, n’ont pas d’autre but que préserver la grandeur des Dunedain, nos arts et nos lettres, dans l’espoir qu’un jour ils puissent renaitre. Bien plus que la gloire de notre lignée, c’est la grâce de ta sœur et le savoir de ton frère qu’il protège, et que bientôt tu devras protéger, et mieux encore, transmettre à la génération suivante ! Notre peuple est passé dans l’obscurité pour survivre à la haine du Roi-Sorcier d’Angmar ; mais chacune de nos ombres doit se montrer aussi vaillante glaive au poing, que plume à la main.
Arahad chercha de l'aide autour de lui.
Sa grande sœur, qui d'ordinaire enveloppait la fratrie d’un regard serein et protecteur, le toisait d’un air sévère. Le port royal, comme il sied dans la lignée d’Isildur, et le buste droit dans sa guimpe austère, la jeune fille tenait son archet d’un poignet souple et gracieux. Prête à attaquer la suite d’Arvedui sur sa viole de gambe, Eleanor [1] attendait le bon vouloir de son cadet, un sourcil et l’auriculaire en l'air.
Le petit dernier, juché sur un tabouret entre son aînée et le professeur, tachait de masquer derrière son pipeau, un sourire de connivence gênée. Comme un silence s’éternisait, le petit Dirhad, sans piper mot, esquissa de ses doigts graciles, quelques notes sur son instrument.
Arahad remercia d’un battement de cils. Hésitant, il reproduisit le mouvement sur sa flûte à bec. O Miracle ! Dirhad avait transposé de mémoire, la séquence qui manquait à son grand frère.
Le thème s’éleva presque malgré lui, modeste complainte chantant l’âpreté des collines, bientôt relayée par une ritournelle du pipeau, sautillante comme un ruisseau dévalant les pentes jusqu’au lac Evendim. La plénitude de l’été inonda la petite pièce lambrissée, comme la viole majestueuse prenait le contrepoint de la flûte et embrassait l’Eriador tout entier, chargé des épis et des grappes autrefois récoltés par les Dunedain. La harpe du professeur reprit le thème, enlevant les enfants jusqu’aux glaces de Forochel, où gisaient, selon la légende, les trésors du royaume des Dunedain dans le nord, depuis que le dernier Roi de Fornost les y avaient cachés. [2]
La suite [3] s’acheva. Les enfants émergèrent d’un songe éveillé, un peu étonnés d’en être venus à bout, comme si la force du thème les avait portés de lui-même. Un sourire complice s’esquissa au doux minois presque maternel d’Eleanor, éclaira la frimousse studieuse de Dirhad, étira une grimace satisfaite sur le visage farouche d’Arahad, avant de semer une larme sur la joue sèche et ridée du professeur.
.oOo.
A suivre...Notes
[1] En sindarin, l’étymologie de ce prénom moderne pourrait donner « Soleil du monde elfique » (El – Eä – Anor). Joli hasard ?
[2] Il s’agit de deux des Palantiri du Nord.
[3] Une suite est un ensemble ordonné de pièces instrumentales ou orchestrales jouées en concert plutôt qu'en accompagnement.